Les prix du gaz européen poursuivaient leur envol mardi, atteignant un plus haut depuis le record historique de mars, après l’annonce la veille de nouvelles coupes drastiques des livraisons via le gazoduc Nord Stream annoncées par le géant gazier russe Gazprom.
Vers 09H15 GMT (11H15 à Paris), le TTF néerlandais, la référence du gaz naturel en Europe, évoluait à 192,00 euros le mégawattheure (MWh) renouant ainsi avec ses niveaux du début de l’invasion russe de l’Ukraine et entraînant dans son sillage les cours du pétrole. Le gaz britannique évoluait quant à lui à 356,99 pence par thermie (une unité de quantité de chaleur), après un pic à plus de 357 pence, également un plus haut depuis son record historique de mars.
Gazprom a annoncé lundi qu’il réduirait dès mercredi drastiquement, à 33 millions de m³ quotidiens, les livraisons de gaz russe à l’Europe via Nord Stream, arguant de la nécessité de maintenance d’une turbine. Cette nouvelle coupe réduit à environ 20% la capacités du gazoduc, contre quelque 40% actuellement, alors que les nations européennes s’efforcent de reconstituer leurs réserves à l’approche de l’hiver.
« Les stocks européens sont loin d’avoir atteint le niveau requis de 90% et l’on craint de plus en plus que la Russie n’utilise le gaz naturel comme une arme pour obtenir des concessions de la part de l’Occident » dans le cadre de l’invasion de l’Ukraine, rappelle Tamas Varga, analyste chez PVM Energy. Il s’agit d' »une preuve supplémentaire » que l’Europe doit « réduire sa dépendance dès que possible » envers la Russie, a estimé mardi le ministre tchèque de l’Énergie, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’UE.
La Commission européenne avait proposé la semaine dernière de diminuer de 15% la demande européenne de gaz à partir du mois d’août, afin de surmonter la chute des livraisons russes. La Russie représentait jusqu’à l’an dernier quelque 40% des importations gazières de l’UE.
Côté pétrole, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre prenait 1,45%, à 106,67 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison le même mois montait quant à lui de 1,73%, à 98,37 dollars.
Les inquiétudes concernant l’approvisionnement de l’Europe en gaz russe ont un impact collatéral sur les prix du pétrole, explique Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades, « car une compression potentielle du gaz fourni à l’Europe est susceptible d’augmenter la demande de pétrole et d’autres carburants connexes tels que le diesel ».
« L’offre physique restreinte, exacerbée par la réduction de l’approvisionnement en gaz par la Russie, est à l’origine des gains » du brut, affirme également Stephen Innes, de chez SPI. L’analyste souligne l’élargissement de l’écart des prix du Brent et du WTI (entre 8 et 9 dollars désormais), « signe d’un resserrement plus important en Europe qu’aux États-Unis ».