Nicolas Henckes, directeur de la Confédération luxembourgeoise du commerce (clc), a répondu à nos questions après la présentation des mesures d’aides à l’économie du «paquet de stabilisation Covid-19» par le gouvernement.
Après la présentation des mesures du «plan de stabilité» par le gouvernement, la Confédération luxembourgeoise du commerce est désormais en train d’analyser leurs effets sur le commerce.
Vous avez suivi la présentation des nouvelles mesures pour protéger l’économie luxembourgeoise. Comment avez-vous accueilli ce plan de stabilité ?
Nicolas Henckes : Globalement très bien. On remercie le gouvernement pour tous les efforts qui ont été mis en place pour essayer de sauver nos entreprises. Il y a beaucoup de nouvelles mesures, certaines qui avaient été déjà annoncées et que nous avons pu analyser. Celle qui est la plus intéressante pour la clc et ses membres, c’est évidemment cette aide de 5 000 euros à destination des petites entreprises et des indépendants. Donc forcément, on considère qu’il y a de bonnes choses dans ce plan de stabilité.
Des mesures qui devraient faire du bien aux commerces. Quelle est la situation actuellement dans le secteur ?
Concernant les nouvelles mesures, nous sommes en train d’analyser leurs impacts sur les différents secteurs d’activité, car la situation est très différente d’un secteur à l’autre. Par exemple, au niveau des agences de voyages, ils sont dans une détresse totale et je ne pense pas que les 5 000 euros vont les amener très loin. Dans ce cas, il y a un besoin différent, notamment réglementaire, afin de prendre des décisions pour les protéger. On a d’autres secteurs, comme le commerce de vêtements. La crise est arrivée au mauvais moment pour ce type d’entreprise. Elles ont fait des commandes de vêtements un peu avant le déclenchement de la crise. Ces commandes sont en train d’être livrées ou sont déjà arrivées avec les factures qui suivent derrière et des marques qui veulent être payées. Les magasins ne savent pas quand ils pourront rouvrir et s’ils pourront écouler leurs marchandises.
C’est avec la banque que tout va se jouer
Dans le plan de stabilité, le gouvernement a mis en place des mesures, comme une garantie bancaire, pouvant permettre de faciliter l’octroi d’un crédit auprès d’une banque. Pour vous, c’est une bonne chose ?
C’est quand même bien. Mais il est certain que les commerçants doivent discuter avec leur banque. C’est le conseil que je donne à tous nous membres et aux autres. C’est avec la banque que tout va se jouer. C’est la banque qui connaît le mieux la situation financière de l’entreprise et qui va pouvoir mettre en place des solutions pour permettre de tenir le choc.
Mais malgré la garantie bancaire de l’État, rien n’oblige une banque à accorder un crédit à une entreprise en difficulté ou à geler les crédits en cours…
C’est la même chose que pour les loyers. À partir d’un moment, si vous étranglez votre débiteur, il ne vous payera plus rien du tout. L’intérêt d’une banque ou d’un propriétaire, c’est de maintenir en vie le débiteur, ou le locataire, et de décaler éventuellement, voire de suspendre temporairement, les remboursements de crédit pendant deux mois et vous rallongez la durée du prêt de deux mois. Pour la banque, pour la majorité des cas, cela ne devrait pas être un trop grand souci, tout comme pour un propriétaire d’un immeuble.
Pour terminer, on peut dire que vous êtes satisfait des annonces du gouvernement ?
Oui, cela va dans le bon sens. Nous sommes en train d’analyser plus attentivement les mesures, car il y a peut-être des configurations qui ne vont pas convenir à certains et nous voulons éviter cela. Nous regardons désormais vers le terrain pour savoir si le plan de stabilité répond bien à tous les cas de figure. C’est vraiment cela l’angoisse du moment, de voir si nos entreprises vont tenir le choc. Et encore une fois, nous félicitons le gouvernement qui réussit à travailler dans l’urgence et a sorti un plan de mesures assez rapidement.
Entretien avec Jeremy Zabatta