Le fabricant de pneumatiques Michelin va restructurer ses activités dans son berceau historique de Clermont-Ferrand, en fermant l’atelier de rechapage poids lourds d’ici fin 2017 et en réorganisant son ingénierie, avec à la clef 494 suppressions de postes mais sans départs contraints.
«Il y aura zéro départ contraint, zéro personne chez Pôle Emploi. Tous les salariés concernés pourront poursuivre leurs parcours professionnels à Clermont-Ferrand», a assuré le directeur de Michelin France, Remi de Verdilhac, lors d’une conférence de presse.
Ce plan prévoit notamment la fermeture de l’atelier de rechapage poids lourds qui emploie 330 personnes sur le site de La Combaude, d’ici fin 2017. «Nous avons une surcapacité de production sur ce site qui est de 62%, ce qui est économiquement effroyable. Nous devions donc prendre une décision», a souligné Remi de Verdilhac.
La fermeture de cet atelier intervient dans un contexte d’effondrement du marché des pneus poids lourds rechapés en Europe. «Par rapport à 2007, le marché a baissé de 25%. C’est une chute libre. Simultanément, la concurrence asiatique est virulente: les Chinois vendent des pneus poids lourds neufs au même prix ou moins chers que nos pneus rechapés et leur part de marché a augmenté de huit points. C’est un tsunami», a souligné le dirigeant.
Le site clermontois était en concurrence avec trois autres sites du groupe également spécialisés dans le rechapage de pneus poids lourds, en Angleterre, en Espagne et en Allemagne, jugés beaucoup plus compétitifs. «Nous avons investi entre 40 et 50 millions dans cet atelier ces dix dernières années mais nous n’avons pas réussi collectivement à gagner en compétitivité sur ce site», a précisé de son côté le directeur du service du personnel France, Jean-Paul Chiocchetti.
En ingénierie, la réorganisation entraînera d’ici fin 2018 164 suppressions de postes, tous à Clermont-Ferrand. Les salariés concernés, en majorité des cadres, bénéficieront également d’«un plan de mobilité interne volontaire», selon la direction.
«Encore un désengagement»
«Nous avons de nombreux besoins de recrutement parce que les pyramides des âges sont extrêmement marquées. De manière très concrète, 500 opérateurs vont partir en retraite d’ici trois ans, ce qui nous permet de proposer à chaque personne concernée par le plan social des propositions de postes tout à fait semblables à celles qu’ils occupent aujourd’hui et à Clermont-Ferrand même», a fait valoir Remi de Verdilhac. Les autres services «Support» de Michelin à Clermont-Ferrand verront pour leur part leur organisation «s’adapter progressivement dans le temps», selon un communiqué de la direction.
Ce plan va contraindre le groupe à passer pour 55 millions d’euros de provisions dans ses comptes semestriels. Il s’accompagnera également d’un programme d’investissements de 90 millions d’euros d’ici 2020, «pour accélérer la transformation des sites clermontois en pôles industriels et technologiques d’excellence». «C’est encore un désengagement de Michelin à Clermont-Ferrand. Il y a trente ans, on produisait tous types de pneus ici, vélos, agraires, pour le génie civil, etc. Aujourd’hui, il ne reste que les pneus haut de gamme et de compétition», a regretté Jean-Michel Gilles, secrétaire général de la CGT Michelin.
«On nous a menti. Le groupe a annoncé qu’il n’y aurait pas de suppressions d’emplois lors de la présentation des résultats (à la mi-février, ndlr). On reste vigilant car à chaque fois qu’il y a eu un plan social chez Michelin à Clermont-Ferrand, il y a toujours eu des licenciements», a averti le délégué syndical central CGT, Michel Chevalier. Les divers sites de Michelin à Clermont-Ferrand comptent un peu plus de 12.000 salariés sur les 20.000 que compte le groupe en France. Au total, le géant français du pneumatique emploie 112 000 collaborateurs dans le monde.
AFP