Malgré des chiffres encourageants au mois de juin, les six premiers mois de l’année vont peser très lourd dans le bilan annuel des concessionnaires luxembourgeois.
À la lecture des chiffres de la Société nationale de circulation automobile (SNCA) des six premiers mois de l’année, on peut clairement constater un recul de plus de 30 % des nouvelles immatriculations par rapport à 2019.
Dans le détail, du fait de la crise du Covid-19, les nouvelles immatriculations ont reculé d’un tiers pour atteindre 20 793 unités contre 31 123 sur la même période douze mois plus tôt.
Mais le mois de juin semble indiquer un retour aux affaires. Après un recul de 50,2 % mars, de 78,8 % en avril et de 48,8 % en mai, le marché automobile luxembourgeois entame, sur le papier, une légère reprise mais reste tout de même dans le rouge avec un recul de 10,59 % des nouvelles immatriculations, soit 4 648 unités contre 5 199 unités en juin 2019.
Un demi-milliard d’euro de pertes
«Il faut rester prudent avec les chiffres. En regardant les résultats du mois de juin, on pourrait se dire que la reprise est là. Mais il faut comprendre que pendant deux mois, les ventes étaient au plus bas tout comme la production de voiture. Le « bon » chiffre de juin est le résultat de retard de livraison et de production du début d’année», averti Frank Lentz, chargé de la communication de la Fédération des distributeurs automobiles et de la mobilité (Fedamo). Cette dernière a d’ailleurs estimé que d’ici à la fin de l’année, le marché aura un retard de près de 18 000 voitures qui n’auront pas été écoulées en 2020. «Avec un prix moyen de 30 000 euros, cela correspond à une perte 540 millions d’euros!», insiste Frank Lentz avant d’ajouter : «Rattraper le retard est impossible.»
Même analyse du côté d’un concessionnaire de la capitale : «Il faut être lucide, il ne sera pas possible de rattraper ce retard. Cette année sera une année désastreuse qui devrait se clôturer avec une baisse allant de 20 % dans le meilleur des cas. Les petites concessions vont souffrir. J’espère que la plupart vont s’en sortir en piochant dans les réserves. N’oublions pas que depuis 2016, le marché a affiché chaque année des records».
Chez Autopolis, on commence à revoir les clients. «Les ventes reprennent et les clients sont de retour. C’est aussi le moment de faire quelques affaires dans les concessions avec du stock», assure Marc Devillet, directeur d’Autopolis avant d’ajouter : «Il y est certain que nous n’arriverons pas à rattraper le retard et l’on mise sur un recul de 20 à 25 % sur l’ensemble de l’année et un retour de la croissance l’année prochaine.»
Le concessionnaire situé dans la zone d’activité de Bourmicht à Bertrange donne un peu plus de détail sur le retour de l’activité. «Au niveau des ateliers techniques et de la carrosserie, la demande est là. Les clients reviennent également en showroom et nous avons mis en place, tant pour nos salariés que nos clients toutes les mesures sanitaires adéquates. Par contre au niveau du leasing c’est un peu plus compliqué. Les salariés sont en télétravail et roulent moins avec les voitures de fonction» explique Marc Devillet. «Actuellement le marché accuse un recul de 33 % et je pense que la réalité est plus grave sur l’ensemble du marché car il y a un décalage entre la commande, la vente, la livraison et l’immatriculation. Au niveau du groupe Autopolis, nous avons la chance d’avoir des actionnaires sereins, nous avons de moins en moins de chômage partiel et nous avons les épaules assez larges pour faire face à la crise actuelle», assure Marc Devillet, sous condition qu’elle ne s’aggrave pas dans les mois à venir.
Toutes les marques souffrent
Au niveau des marques, le constat est le même avec une baisse moyenne de 32 % des nouvelles immatriculations sur la première moitié de l’année. Volkswagen, marque la plus vendue au Luxembourg, accuse un recul de 35,3 %, soit 2 620 nouvelles immatriculations contre 4 025 à la même période un an plus tôt. Le «premium» allemand suit la même tendance : Mercedes (-29,9 %), BMW (-31,9 %) et Audi (-35,9 %). Les marques françaises sont également dans le rouge avec un recul de 39,8 % pour Renault, -49,8 % pour Peugeot et -40,4 % pour Citroën. Seule la marque tchèque, Skoda, a mieux résisté à la crise sanitaire avec un recul de seulement 5,3 %.
À noter également que Tesla a signé des chiffres dans le vert avec une croissance de 2,8 % et 255 nouvelles immatriculations. Quelques marques d’exception comme Ferrari ou Bentley sont en croissance sur les six premiers mois de l’année.
Jeremy Zabatta