Appelez-la «Luxembourg Stratégie». Cette nouvelle cellule au sein du ministère de l’Économie aura pour tâche d’identifier les réflexions d’avenir afin de permettre le développement économique à long terme du pays.
Le ministre de l’Économie, Franz Fayot, veut avec «Luxembourg Stratégie» disposer d’un outil pouvant faire la synthèse et le suivi des mégatendances, la veille et l’analyse de l’évolution de la position compétitive du Luxembourg. Autrement dit, cette cellule devra élaborer des stratégies à long terme pour le développement et la transition économique intégrant les aspects sociaux et environnementaux, à l’image de la stratégie Rifkin. Mais Franz Fayot souhaite que cet outil soit également ouvert aux acteurs de la vie civile et économique du pays. Cette cellule comprendra d’ailleurs l’Observatoire de la compétitivité qui aide depuis 2004 le gouvernement dans ce sens.
À première vue, ce nouvel outil semble ajouter une couche bureaucratique à un écosystème qui semble avoir déjà trouvé son équilibre. Régulièrement, des acteurs comme le Statec, la Fondation Idea, la CSL, la Chambre de commerce, celle des métiers, les syndicats, etc. fournissent une multitude de rapports, de réflexions, d’études. Alors pourquoi ne pas tout simplement piocher dans ces travaux souvent pertinents?
Rapidement en action
La réponse du ministre est simple, il souhaite éviter les motivations partisanes : «Toutes les institutions et les organisations citées font évidemment un bon travail en menant des réflexions. Mais elles sont toujours d’une certaine manière orientées ou dans un certain contexte. La Fedil produit des études et des idées, la Fondation Idea, le think tank de la Chambre de commerce, publie souvent des éléments intéressants, le Mouvement écologique produit régulièrement des rapports, la Chambre des salariés émet des avis et des rapports très intéressants. Ce qui importe pour le ministère en charge de l’Économie, et l’Observatoire de la compétitivité a fait un peu cet exercice jusqu’à présent, c’est de disposer d’un instrument où tout cela converge, où tout cela est synthétisé dans l’intérêt du pays. Je ne dis pas que les autres acteurs n’ont pas un regard dans l’intérêt du pays, mais l’idée est d’avoir un outil qui puisse faire ce travail compliqué de synthèse et de réflexion. On peut effectivement se demander pourquoi un petit pays a besoin d’un nouvel outil. Cette réflexion s’est faite aussi pour l’université, pourquoi un petit pays a besoin d’un tel outil? Je crois que l’expérience montre que c’est toujours une bonne chose d’avoir ces outils de réflexion à l’intérieur des ministères afin de se donner une qualité de réflexion tout en se projetant dans l’avenir.»
À ses côtés, Serge Allegrezza, qui dirigera «Luxembourg Stratégie», a également précisé que c’était une demande des «divers acteurs mentionnés. Ils ont émis ce besoin de travailler ensemble, de savoir où vont les idées et les réflexions. Même chose au niveau de l’Observatoire de la compétitivité qui se sentait un peu à l’étroit. Nous avons fait savoir au ministre ce besoin et il nous a donné le feu vert.» Le ministre confirme : «L’exercice de la troisième révolution industrielle obéissait déjà au même processus et l’idée avec Luxembourg Stratégie est de pérenniser le processus et la méthode.» Sans dévoiler un calendrier précis, Luxembourg Stratégie devrait être rapidement mis sur pied, avec notamment le recrutement prochain d’un nouveau responsable de cette nouvelle cellule.
Jeremy Zabatta
Plier sans rompre pendant la crise
Au cœur de la crise sanitaire, le Luxembourg a réussi à plier sans rompre. La bonne santé financière du pays a souvent été mise en avant pour expliquer la belle marge de manœuvre du gouvernement au plus fort de la tempête. Pour comprendre encore un peu mieux la robustesse du pays face à la crise, il est intéressant de s’arrêter sur les chiffres du bilan de l’Observatoire de la compétitivité (ODC).
En prenant en compte les données de 2019, le Luxembourg était le quatrième pays le plus compétitif au sein de l’Union européenne, juste derrière le Danemark, la Slovénie et l’Irlande. Autre indicateur intéressant, le Luxembourg était le mieux noté au Pandemic Vulnerability Index, un classement attestant une vulnérabilité structurelle faible face à une pandémie. Derrière le Luxembourg, on retrouve l’Allemagne et le Danemark. En fin de classement, l’Italie.
Un peu plus en détail, l’ODC montre également qu’au sein des sous-indicateurs du classement de la compétitivité, le Luxembourg se classe à la 12e position sur l’aspect économique, à la 2e position sur l’aspect social et enfin à la 6e position sur l’aspect environnemental.
Pêle-mêle, le Luxembourg doit faire des progrès au niveau de la productivité du travail alors que le coût du travail accélère. Le pays doit également faire face à une augmentation du risque de pauvreté et à un endettement des ménages toujours en progression. Enfin, le Luxembourg utilise toujours trop de pétrole brut et de produits pétroliers dans la consommation finale d’énergie des ménages en plus de n’être pas assez efficace en matière d’énergies renouvelables et de recyclage des déchets.