Tout au long du week-end, la Chambre des métiers, avec le soutien de l’armée luxembourgeoise, a distribué des masques à destination des 95 000 travailleurs de l’artisanat et de la construction.
Dans le détail, c’est un peu moins de 600 000 masques qui ont trouvé preneur en quelques jours pour équiper la main-d’œuvre de cinq masques par salarié. De son côté, la Chambre de commerce a fait savoir que la distribution pour les entreprises hors artisanat était en cours. Les quelque 60 000 entreprises du pays vont les recevoir gratuitement par la poste. Autrement dit, les trois quarts des salariés du pays vont recevoir quelque deux millions de masques.
Pour des milliers de travailleurs, ce début de semaine avait presque un air de rentrée avec le retour de l’activité pour le secteur de la construction et de l’artisanat. Mais l’ambiance est bien différente d’une rentrée de septembre. «Nous n’avons pas de souvenirs de vacances à échanger, et quand bien même, nous devons garder nos distances, commente Diego, employé de bureau dans une entreprise de construction. On a des masques et du gel hydroalcoolique, certains ont dû changer de place de bureau. Nous sommes encore en équipe restreinte, il y a encore du télétravail et des congés pour raisons familiales. Et puis, on ne peut pas (re)démarrer un chantier ou un projet dans l’heure. Il faudra sans doute encore du temps avant de retrouver la même ambiance qu’auparavant.» Pour Samy, qui travaille sur un chantier en ville, c’est encore l’inconnu : «Il faut encore que je me renseigne, je ne sais pas trop comment ça va s’organiser. Si on doit porter un masque sur le chantier ou non et si les masques faits maison suffisent. Faut également voir comment on va pouvoir travailler avec un masque. Sur un chantier, on doit quand même communiquer, parler et crier avec les autres pour se coordonner. Il y a aussi la question du confort : c’est pas forcément évident de travailler avec un masque. Mais, on verra, peut-être que c’est tout le contraire.»
Le chômage au plus haut
Si l’activité va doucement reprendre avec la stratégie de sortie de confinement du gouvernement, le virus a laissé des traces de son passage sur le taux de chômage.
Avec 18 398 demandeurs d’emploi résidents disponibles, l’Adem a constaté au mois de mars une hausse de 2 728 personnes, soit de 17,4 %. Le taux de chômage, corrigé des variations saisonnières, s’établit à 6,1 %. Avant la crise, il était stabilisé autour de 5,5 %. Il faut remonter jusqu’en mars 2014 pour atteindre un nombre de demandeurs d’emploi supérieur, avec un chiffre de 18 448.
L’Adem souligne dans son communiqué mensuel que la hausse importante du mois de mars est en lien direct avec la crise sanitaire et notamment l’arrêt des chantiers. «Cette hausse est intervenue pendant la semaine du 16 mars, à la suite du confinement annoncé par le gouvernement. L’afflux est principalement dû aux travailleurs intérimaires de la construction, secteur totalement à l’arrêt depuis lors. Pendant la semaine du 23 mars, les ouvertures de dossiers sont retombées au niveau observé au début du mois», explique l’Agence pour le développement de l’emploi.
Dans le détail, l’Adem a ouvert 3 142 nouveaux dossiers de demandeurs d’emploi résidents, soit une hausse de 25,2 % par rapport à mars 2019.
Les mesures pour l’emploi sont à l’arrêt
En plus de l’arrêt des chantiers, les employeurs embauchent beaucoup moins du fait de l’arrêt de plusieurs secteurs économiques comme l’Horeca ou encore le commerce. «Le marché du travail tournant au ralenti, les demandeurs d’emploi peinent à retrouver un emploi, et sortent moins vite du chômage», souligne l’Adem. Cela se retrouve dans les statistiques, puisqu’au mois de mars, les employeurs ont déclaré 2 412 postes vacants à l’Agence pour le développement de l’emploi, ce qui correspond à une baisse de 35,1 % par rapport à mars 2019. À noter que la grande majorité de ces postes, 72 %, ont été déclarés pendant la première quinzaine du mois de mars.
L’Adem explique également qu’en raison de l’adaptation de son organisation de travail en lien avec la crise sanitaire, les données détaillées sur l’emploi ne peuvent pas être tenues «à jour d’une manière aussi précise qu’avant la crise» en ce qui concerne «les registres des demandeurs d’emploi, en particulier en ce qui concerne les clôtures de dossiers».
On remarque d’ailleurs dans les chiffres clés de l’agence pour le mois de mars que le nombre de dossiers clôturés, quelle que soit la raison, est ainsi tombé de 2 935 à 1 942.
Enfin, les mesures pour l’emploi sont à l’arrêt. L’Adem précise que «si les personnes qui se trouvent en mesure voient celle-ci prolongée, depuis la deuxième quinzaine de mars, quasiment plus personne n’a commencé une nouvelle mesure». Le nombre de bénéficiaires d’une mesure pour l’emploi s’établit à 4 148 au 31 mars 2020, une baisse de 175 personnes sur un an.
Jérémy Zabatta