Le président de la fédération des taxis, Olivier Gallé, tente désespérément de faire comprendre que les taxis son chers parce que les frais et les taxes le sont aussi.
Il suggère de subventionner les taxis au lieu de payer des bus qui roulent souvent à vide. Le président se dit aussi ouvert à tout projet qui irait dans le sens d’instaurer des taxis verts, à condition qu’un concept soit mis en place en collaboration avec tous les acteurs concernés. Il y a un mois, la commission du Développement durable adoptait un nouvel amendement à la loi sur les services de taxi, qui a eu comme effet de déclencher une nouvelle colère de la fédération concernée. Une de plus, dans cette tentative de réformer les taxis, entamée il y a deux ans avec le dépôt du projet de loi par l’ancien ministre Claude Wiseler. Une initiative destinée à faire baisser les prix de la course et à lutter contre les taxis illégaux.
Le président de la fédération des taxis, Olivier Gallé, affirme au contraire que le texte qui introduit une réglementation plus lourde pèse aussi sur le portefeuille des salariés du secteur. Il se plaint « de toute la paperasserie » qu’il faudra fournir à l’immatriculation d’un nouveau véhicule, et des exigences en termes d’affichage des tarifs, d’autocollants obligatoires « chers et vite usés », qui feront passer le coût d’une immatriculation à « 1 500 euros contre 50 euros actuellement ». Il passe rapidement sur le doublement du prix de la licence et les taxes diverses « dont le coût sera forcément répercuté sur le prix de la course ».
Quand le ministre François Bausch lui suggère de coller de la pub sur les voitures, pour mettre du beurre dans les épinards, il se demande où il pourrait encore en coller une fois qu’il aura affiché ses tarifs, sa zone géographique, le logo de la société. « Sur le capot ? Non, il faut rester sérieux, on ne va pas coller une pub minuscule que personne ne voit et dont aucun annonceur ne veut. » Pour que les tarifs baissent, le président de la fédération a bien des propositions. La première consistant à subventionner les taxis comme on subventionne les sociétés d’autobus qui roulent pour le compte du secteur public. « Il y a des bus qui roulent à vide, ou presque, et qui, chaque année, coûtent des millions pour pas grand-chose », observe-t-il. Il regrette que la fédération des taxis n’ait pas été contactée pour imaginer le transport des personnes handicapées ou du moins y participer, au lieu de mettre en place le coûteux service Novabus. Idem pour les bus de nuit qui pourraient être remplacés par des courses en taxis à coût modéré.
Pas d’infrastructure
Mais tout cela serait possible si le secteur était subventionné, ce qu’il n’est pas. « On veut des taxis verts. Le gouvernement aussi, ça tombe bien ! Mais le ministre vient d’introduire un amendement qui définit le « taxi zéro émission », c’est-à-dire un véhicule électrique qui permettra d’obtenir immédiatement une licence sans passer par la liste d’attente! D’un côté, le gouvernement limite le nombre de licences à 550, de l’autre, il ouvre grand les portes », critique Olivier Gallé.
Il n’a rien contre les véhicules électriques bien au contraire. « J’ai testé une voiture électrique pendant cinq jours, mais le gros problème est que nous n’avons pas les infrastructures nécessaires pour un rechargement rapide. Belval, qui se veut le symbole de la modernité et du passage dans une nouvelle ère, ne dispose même pas d’une borne de recharge électrique », témoigne Olivier Gallé. Il suit de près les expériences qui sont menées dans des grandes villes comme Amsterdam ou Stuttgart. « Là-bas, les autorités publiques travaillent en collaboration avec les constructeurs, les chauffeurs de taxis, les fournisseurs d’électricité et réalisent des tests pour optimiser l’utilisation de l’électrique pour les taxis, c’est tout un concept. Ici, on nous dit débrouillez-vous », affirme-t-il.
Mais encore, les premiers résultats de ces tests sont attendus pour 2017, selon Olivier Gallé, qui juge cet amendement prématuré. Il se dit ouvert à tout projet dans ce sens, dès lors que les taxis peuvent, eux aussi, être subventionnés, comme le sont d’autres transports comme les bus. Certains professionnels ont d’ailleurs jugé d’un mauvais œil la reprise de toute une flotte de taxis par un autocariste subventionné. « Avec des subventions, je peux aussi faire de l’écologie et même travailler à perte », conclut Olivier Gallé.
Geneviève Montaigu