Point de départ d’un mois de septembre crucial pour l’économie, les commerçants comptent sur la braderie et la tendance de l’achat local pour démarrer le mois de la meilleure des façons.
Le mois de septembre doit être le symbole de la relance, du rebond, du restart et même du nouveau départ. Appelons-le comme on veut, mais le mois de la rentrée s’annonce crucial à bien des niveaux tout en gardant son lot d’incertitudes.
Dès ce week-end, les commerçants de la Ville de Luxembourg vont essayer de redonner une nouvelle impulsion à leur activité en participant à la 91e braderie de la capitale. «C’est le plus grand point d’attractivité de l’année», n’hésite pas à souligner Guill Kaempff, président de l’Union commerciale de la Ville de Luxembourg (UCVL).
Cette année, la braderie aura une forme réduite et le port du masque sera obligatoire. Pour autant, quelque 200 «bradeux» exposeront leurs produits sur les trottoirs dans le quartier Gare ainsi que dans les rues et la zone piétonne du centre-ville. Autre nouveauté, l’alcool sera interdit à la vente dans les stands pour éviter justement d’avoir des attroupements de personnes sans les masques. Pour les plus impatients ou les personnes qui travaillent le lundi de la braderie, il sera possible de profiter des «offres» braderie dès samedi et dimanche. Et bien évidemment, la Ville de Luxembourg va mettre en place un large éventail de solutions pour s’y rendre avec des transports en commun adaptés reliant les différents P+R de la capitale. De plus, plusieurs parkings de la ville seront gratuits. De quoi rendre la braderie 2020 tout aussi bonne que les autres éditions. «La qualité est déterminante dans ce genre d’évènement et les commerçants vont mettre en avant leurs produits qui sont de qualité. Il fallait trouver un bon équilibre entre le respect des mesures sanitaires et l’organisation d’un tel événement. D’un côté, nous voulons combattre le virus et de l’autre, il y a aussi des existences qui sont en jeu dans le commerce qui a besoin de vivre et de revivre. C’est pour cela que nous avons décidé de réduire la braderie et de trouver un juste milieu. Nous restons des élus respectueux des mesures sanitaires et surtout responsables», explique Serge Wilmes, échevin de la Ville de Luxembourg en charge du commerce.
Une situation toujours très compliquée
Du côté des commerçants, la tendance est à l’optimisme et à la résilience. «La braderie reste un fort point d’attractivité et l’on espère que les gens vont venir même en cette période spéciale et difficile», souligne Guill Kaempff, qui ne cache pas que la «situation reste encore très compliquée. Il y a des clients qui reviennent dans les magasins, notamment grâce à la publicité et à la bonne initiative de la Ville de Luxembourg et ses bons d’achat. Mais on voit que c’est encore très difficile», répète le président de l’UCVL.
En effet, les autorités de la capitale ont mis sur place un vaste jeu concours avec plus de 16 000 bons d’achat de 50 euros pour donner un coup de pouce aux commerçants et inciter les gens à se rendre dans les boutiques. Une initiative, toujours en cours, qui a pu permettre aux consommateurs de découvrir des commerces en ville. «Il y a eu un très grand soutien de la part de la clientèle luxembourgeoise. Elle a joué le jeu et elle a soutenu le commerce. Il y a très peu de touristes et le télétravail nous pénalise. J’ai l’impression que les gens ont découvert des petites structures, des petits commerces, peut-être du fait d’une peur de se rendre dans les grandes surfaces. Je pense que les petits magasins ont pu se faire une nouvelle clientèle, notamment grâce à l’initiative des bons d’achat», renchérit Mireille Rahme-Bley, vice-présidente de l’UCVL. À noter que d’autres villes ont fait la même chose, notamment Dudelange. L’optimisme reste donc de vigueur du côté des commerçants. Quand on aborde la question du nombre de faillites dans ses rangs, l’UCVL ne semble pas vouloir précipiter les choses et penser au pire. «Pour le moment, nous n’avons pas vu de faillites et il est encore trop tôt de pour dresser un bilan, il faudra attendre la fin de l’année pour cela», explique Guill Kaempff.
Un espace public plus attrayant
Le rendez-vous est pris, d’autant plus que les commerçants de la capitale cumulent les années difficiles. Depuis cinq ans, les chantiers du Royal-Hamilius et du tram n’ont eu de cesse de changer quasiment toutes les semaines les voies de la Ville et d’impacter les commerçants directement ou indirectement. Puis est venu le Covid-19. « La résilience est dans la nature du commerçant, dans son ADN. Pour le chantier du tram, on voit qu’il va toucher à sa fin en décembre et il pourra acheminer des personnes vers le centre, ce qui est une bonne chose», conclut Guill Kaempff.
Autre amélioration pour les commerçants, la décision de la Ville d’élargir les terrasses ou encore de fermer des rues au profit du piéton. «On peut voir que cela donne un aspect plus agréable à la Ville pour le consommateur», commente d’ailleurs Mireille Rahme-Bley.
Effectivement, en se baladant à Luxembourg, certaines rues ont agréablement changé avec des espaces et des terrasses à la disposition du public. «C’est clairement une de nos priorités, avoir de l’espace public qui est attrayant et qui attire les gens tout en correspondant à leurs besoins et à leurs attentes. Cet aménagement au niveau des terrasses est devenu une vraie demande de la part des restaurateurs et l’on a su y répondre très vite. Je ne sais pas combien de temps cette crise va durer, mais il faudra continuer cette initiative ou du moins garder les bonnes idées», souligne Serge Wilmes.
Redécouverte des commerçants de la capitale à l’espace public plus attrayant, voilà peut-être la formule gagnante de cette fameuse relance attendue en septembre.
Jeremy Zabatta