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Luxembourg : les centimes resteront en circulation


La montée en puissance de la dématérialisation de la monnaie interroge au Luxembourg aussi, sur l'avenir des petites pièces (Photo d'illustration : Jeremy Zabatta).

Alors que plusieurs pays européens ne veulent plus utiliser les petites pièces rouges, elles resteront toujours d’actualité au Luxembourg.

Véritable serpent de mer, les craintes autour de l’avenir de l’argent liquide en Europe persistent. De plus, sur les dernières années, plusieurs pays européens, dont l’Irlande, le Danemark, la Finlande, la Hongrie, les Pays-Bas et la Suède, ont décidé de retirer de la circulation les pièces de 1 et 2 centimes d’euro. Une décision obligeant les consommateurs et les commerçants à arrondir les prix. Sans oublier que ce type de décision, motivée par une volonté de réduire la facture liée à la production des plus petites pièces rouges – en Irlande, la production d’un centime coûte 1,65 centime et 1,94 centime pour la fabrication d’une pièce de 2 centimes – a engendré une certaine peur autour d’un avenir proche sans argent liquide.
Plus récemment, depuis le 1er décembre en Belgique, les commerçants ont l’obligation d’arrondir à 0 ou à 5 centimes les paiements en espèces. Une décision visant à abandonner progressivement l’utilisation des pièces de 1 et de 2 centimes.
Autre mesure donnant du grain à moudre aux rumeurs autour de la disparition programmée des liquidités, la fin de la production des billets de 500 euros. Accusé de tous les maux et notamment d’être utilisé par le grand banditisme et les terroristes, le billet mauve a disparu début 2019.
Interrogé sur la question par les députés Gilles Baum et Gusty Graas, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a encore une fois rassuré en soulignant que le Luxembourg n’était pas du tout favorable aux prétendus plans pour abolir ou limiter l’usage de l’argent liquide au niveau européen, tout comme l’UE.

Le Luxembourg veut garder ses pièces

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Dans sa réponse aux députés, le ministre a souligné que «la Commission européenne a clarifié, dans un communiqué du 23 août 2019, qu’elle n’a pas l’intention de proposer le plafonnement des paiements en espèces. Elle a précisé en outre que les consommateurs luxembourgeois n’ont aucune raison de s’inquiéter. Suite à une demande du Conseil de février 2016, la Commission a examiné l’utilité de limiter les paiements en espèces de très grande valeur afin de lutter contre le financement du terrorisme. Suite à une étude détaillée, la Commission a conclu en juin 2018 que des restrictions concernant les espèces ne remédieraient pas de manière significative au problème du financement du terrorisme. Elle n’a donc fait aucune proposition législative, et aucune autre initiative n’a été envisagée depuis.»

Concernant l’abandon des petites pièces rouges, dont chacun jugera de leur utilité, le ministre a là encore rassuré en réaffirmant que «le ministère des Finances n’envisage nullement l’abandon des pièces de 1 cent et de 2 cents au Luxembourg», puis de souligner que le gouvernement ne partage pas la position des pays européens qui envisagent ou ont déjà décidé de ne plus mettre en circulation les petites pièces rouges. Mais le ministre précise tout de même que les personnes ne souhaitant pas utiliser les centimes physiquement ou même l’argent liquide, peuvent utiliser les nombreux moyens de paiements électroniques.

Les paiements digitaux en vogue

Considérés comme étant le futur, les paiements électroniques peinent pourtant à s’imposer au Luxembourg. Une étude de la Banque centrale européenne datant de novembre 2017 estimait que la part des paiements en numéraire (c’est-à-dire la monnaie papier comme les billets de banque et les pièces de monnaie, à ne pas confondre avec les paiements numériques) dans le commerce s’établissait au Luxembourg à 64 % de l’ensemble des transactions.
Plus récemment, Quest a publié un sondage luxembourgeois, «Cash vs Card», montrant que 35 % de la population pense que l’argent liquide doit absolument rester une option. Mais en regardant plus attentivement les chiffres de ce même sondage, on s’aperçoit que les habitudes des résidents sont assez complexes. Ainsi, 30 % de la population accepterait de faire ses courses dans un supermarché ne prenant plus l’argent liquide alors que d’un autre côté 30 % de la population ne l’accepterait pas. De plus, déjà un tiers de la population a tendance à payer par carte des montants minimaux et 25 % utilisent une carte pour régler des montants de moins de 10 euros.
Une tendance qui devrait prendre de l’ampleur puisque les jeunes consommateurs semblent préférer les solutions digitales. Toujours selon le sondage Quest, 45 % des consommateurs de moins de 35 ans ont déjà payé leur dernière consommation dans un café, bar ou salon de thé par carte ou un autre moyen de paiement digital.

D’ailleurs, les banques luxembourgeoises n’ont pas attendu pour proposer des services de paiements digitaux en permettant aux clients d’utiliser des solutions comme Digicash ou Apple Pay. Si Digicash est largement répandu au sein des banques de détail au Luxembourg et dispose d’un taux de pénétration de 40 %, Apple Pay est disponible pour les clients de la BCEE depuis novembre dernier et depuis le 21 mai au sein de la BGL BNP Paribas. Cette dernière a ravi ses clients, comme le montrent les statistiques d’utilisation de la solution de paiement d’Apple. «Apple Pay a été très favorablement accueilli au Luxembourg puisque 65 % des clients qui ont recours aux services digitaux de la banque et qui disposent d’un iPhone utilisent déjà Apple Pay, et 15 % des transactions cartes se font désormais à l’aide de ce nouveau moyen de paiement mobile pour cette même clientèle», a souligné BGL BNP Paribas interrogé sur la question.
Pour autant, l’argent liquide garde la cote et rassure la population, notamment en ce qui concerne l’aspect privé. En effet, le sondage Quest a montré que 9 répondants sur 10 affirment que l’argent liquide garantit le droit de faire des paiements de manière anonyme et qu’un tiers de la population ne pense pas que les solutions de paiements digitaux sont des moyens efficaces pour lutter contre des actions illicites comme le travail au noir ou le terrorisme.
On l’aura compris, le débat autour de l’avenir de l’argent liquide sera complexe tout en étant perturbé entre les avantages, les inconvénients, les peurs et les rumeurs liés à l’éventualité d’un futur sans liquidités.

Jeremy Zabatta

Des petites pièces… qui peuvent valoir cher !

Les petites pièces rouges traînent un peu partout : sur la commode, au fond d’un tiroir, dans les poches… Très peu considérées, les pièces de 1 centime et de 2 centimes peuvent pourtant valoir jusqu’à 100 euros.
Pour un numismate, un collectionneur de pièces de monnaie, certaines pièces rouges sont très recherchées.

La plus recherchée et donc la plus chère, c’est la pièce de 1 centime d’euro monégasque de 2001 et 2002. Quasiment «introuvable» selon le site spécialisé info-collection.fr, la pièce vaut plus de 100 euros. Idem pour la pièce de 2 centimes monégasque de 2004 qui s’échange à 50 euros alors que les éditions 2002 et 2003 valent 100 euros. Également difficile à trouver, la pièce de 1 centime finlandaise de 2001 vaut 10 euros alors que les pièces de 1 centime des années 1999, 2000, 2002 et 2003 valent 5 euros.

Pour les pièces rouges luxembourgeoises, beaucoup plus répandues, il ne faut pas s’attendre à toucher le gros lot. Seules les pièces de l’année 2002 semblent intéresser les collectionneurs. Toujours en se référant au site spécialisé, la pièce de 2 centimes de 2002 peut s’échanger sur le marché des collectionneurs à 30 centimes alors que la pièce de 1 centime de 2002 est cotée à 50 centimes. La pièce de 5 centimes vaut 10 centimes et la pièce de 10 centimes vaut 30 centimes.

Un commentaire

  1. Je ne vois pas l’intérêt de la pièce de 2 centimes. Mais pour le reste, les pièces de monnaie restent ce qu’il y a de plus écologique.