La Fédération des artisans a fait le point sur les mesures d’aide en ces temps de crise et en a profité pour tirer la sonnette d’alarme concernant le manque de décharges. Déblayer, O. K., mais où aller?
Les petites et moyennes entreprises artisanales souffrent encore pour certaines des conséquences de la crise sanitaire. Si les salariés ont bien été protégés, ce n’est pas forcément le cas pour les indépendants, les patrons «à qui le gouvernement a distribué des aumônes», selon Romain Schmit, le secrétaire général de la Fédération des artisans (FDA), qui dénonce les conditions d’attribution liées aux aides aux indépendants. «Nous revendiquons un droit, celui du salaire de remplacement pour l’indépendant qui ne soit pas conditionné à la bonne volonté d’un ministre», souligne le secrétaire général. Parmi les plus touchés, certains se sont portés malades pour avoir droit à des indemnités de maladie.
Le chômage partiel est une bonne chose et l’annonce par le Premier ministre de son prolongement au-delà du 31 décembre de cette année a été bien accueillie. Mais les inégalités demeurent. Pendant que les fonctionnaires étaient payés à 100 %, «du maître nageur jusqu’à l’ingénieur technique communal», les salariés du privé n’ont touché que 80 % de leur salaire, ce qui ne paraît pas être équitable en ces temps de crise.
Seuls les secteurs les plus vulnérables, comme l’événementiel ou le secteur Horesca, sont concernés par le chômage partiel, alors que la FDA le revendique pour toutes les entreprises de tous les secteurs. «On nous parle des traiteurs, mais il faut aussi penser au boucher, au boulanger et même aux sandwicheries», ajoute Romain Schmit. La FDA demande plus de flexibilité dans l’octroi du chômage partiel. Elle cite l’exemple d’un chantier qui ne peut se dérouler normalement en l’absence, pour cause de maladie ou de mise en quarantaine, d’un chef d’équipe ou des responsables de la sécurité. Dans de telles situations, les ouvriers ne peuvent rien entamer et devraient alors pouvoir être placés en chômage partiel.
Où sont les décharges ?
D’ailleurs, au chapitre des mises en quarantaine, la FDA observe que les mesures de quarantaine «sont traitées de manière très restrictive». Selon elle, il conviendrait d’appliquer la réglementation en vigueur qui prévoit que, pour les contacts à faible risque, seule une phase d’auto-observation devrait être appliquée et non la mise en quarantaine d’office de tous les contacts. Actuellement, les entreprises enregistrent quatre fois plus d’absences dues à des mesures de quarantaine que d’absences pour maladie. «C’est pour cela que la Fédération des artisans demande que les charges salariales soient entièrement prises en charge par les organismes de la sécurité sociale pendant la durée de la mise en quarantaine», indique-t-elle.
Jeudi, Romain Schmit a profité de l’occasion pour rappeler le problème récurrent du manque de décharges pour déchets inertes. Les entrepreneurs ne savent plus où aller avec leurs tonnes de terre. En exemple, le chantier du Südspidol (l’hôpital du Sud) qui à lui seul donne des sueurs froides. Ce chantier eschois représente 420 000 m3 de terre qui devront être acheminés jusqu’à la seule décharge qui peut encore les accueillir et qui est situé à Colmar-Berg. «Cela signifie 42 000 camions qui feront l’aller-retour, soit 100 kilomètres. Au total, 4,2 millions de kilomètres en camion seulement pour construire un hôpital», s’indigne le secrétaire général, qui ne voit rien d’écologique dans cette démarche. Une seule grande décharge, celle de Colmar-Berg, sera bientôt opérationnelle à l’échelle nationale, «et encore elle arrive à saturation», dit Romain Schmit. En principe, neuf décharges devraient fonctionner sur l’ensemble du territoire, estime la FDA. «Aujourd’hui, ce tourisme de déchets inertes génère des émissions de CO2 qui correspondent aux émissions annuelles de la ville de Diekirch. Les ministères responsables et les autorités communales sont dans la responsabilité de remédier au plus vite à cette situation qui devient de plus en plus intenable», insiste la Fédération des artisans.
Geneviève Montaigu