Sans surprise, l’impact économique du coronavirus a été violent au Grand-Duché selon les données du Statec.
Dans sa note de conjoncture publiée mardi, l’Institut national de la statistique et des études économiques évoque «un repli de l’activité de 25 % environ en lien avec l’épidémie de Covid-19 au plus fort du confinement», c’est-à-dire entre le 23 mars et le 17 avril. Il ajoute que cet impact serait «plus faible que dans les pays voisins, du fait notamment de l’importance du secteur financier dans la structure économique luxembourgeoise».
Néanmoins, les chiffres donnent le tournis : -47 % d’activité dans l’industrie, -90 % dans la construction, -39 % dans le commerce, -60 % dans le secteur des transports et de l’entreposage, -90 % dans le secteur Horeca (cafés, restaurants…), -21 % dans le service aux entreprises et -20 % pour le secteur information et communication. Concernant les secteurs «moins» touchés, notons l’agriculture (-10 %), les activités immobilières (-17 %), les services à dominante non marchande (-5 %) et les activités financières (-10 %). Le Statec indique que 30 % des salariés étaient en chômage partiel en mars et avril. Un chiffre à mettre en parallèle avec celui de la crise financière de 2008 où seulement 3,4 % des salariés luxembourgeois avaient été placés en chômage partiel. Le secteur de l’Horeca était le plus concerné avec 80 % de ses effectifs en chômage partiel. Le dispositif concernait 30 % des effectifs dans la construction. Rappelons que, malgré ce dispositif, le taux de chômage a augmenté au Grand-Duché en mars passant sur un mois de 5,5 % à 6,1 %.
Le coup est donc rude pour l’économie du pays, d’autant plus que le déconfinement annoncé à partir de la semaine prochaine ne permettra pas au pays de revenir à une situation normale d’un coup de baguette magique. Le temps de la résilience sera long et semé d’embûches pour des nombreuses entreprises du pays.
Comme l’a indiqué le Statec, le Grand-Duché a pu limiter la casse par rapport à ses pays voisins (qui ont connu un repli de l’activité s’établissant autour de 33 %) grâce au secteur financier. Au Luxembourg, ce secteur pèse un quart de la valeur ajoutée totale contre 5 % en moyenne en Allemagne, en France et en Belgique. Le secteur financier a pu notamment s’appuyer sur le télétravail pour continuer à fonctionner malgré la pandémie. Néanmoins, les Bourses ayant dévissé durant cette période, il faut s’attendre à ce que les résultats des activités financières soient fortement impactés.
L’étude du Statec montre ainsi une crainte importante du secteur concernant l’avenir et elles sont «bien plus fortes que celles liées à la crise de 2008» concernant l’évolution de l’activité, de la rentabilité, de le demande, des bénéfices et des dépenses en capital des sociétés financières. Concernant le crédit, les banques prévoient une baisse des crédits à long terme demandés par les entreprises et une hausse des crédits à court terme. L’accès au crédit des ménages risque également de fortement se durcir rendant impossible l’achat de logement à une partie de la population luxembourgeoise bien plus large qu’aujourd’hui. Un dossier de plus à traiter pour le gouvernement…
Un moral qui touche le fond
Ce choc pandémique sur l’économie seulement entre le 23 mars et le 17 avril coûtera 2 points sur le produit intérieur brut (PIB) annuel. Mais les dégâts devraient se poursuivre ces prochains mois. Reste à connaître leur ampleur : cela dépendra de la situation sanitaire et des mesures progressives de déconfinement. Le Statec a étudié différents scénarios et nous n’échapperons pas à une récession profonde en 2020. Un rebond positif de la croissance est ensuite attendu en 2021, mais son ampleur dépendra de l’évolution de l’épidémie (nouvelles vagues de contamination, nouvelles périodes de confinement….). Difficile de prévoir aujourd’hui ce que le coronavirus nous réserve demain !
Sans surprise, le moral des acteurs économiques luxembourgeois en avril a atteint son plancher historique en particulier dans les activités de service selon la note de conjoncture du Statec. Seule lumière au bout du tunnel : la construction qui a souffert des arrêts des chantiers mais qui bénéficie de carnet de commandes pleins. Maigre consolation! Le moral des consommateurs accuse lui aussi le coup en avril (-19,7 points) après un mois de mars (-8,9 points) déjà morose à cause de l’arrivée de la menace du coronavirus sur le territoire. Ces indicateurs confirment un premier semestre qui sera en récession marquée et qui sont de bien mauvais augure pour la suite de l’année.
Laurent Duraisin