L’entreprise Adapti.me a développé un service de personnalisation de sites web en temps réel en fonction du profil du visiteur. Rencontre avec Antoine Granjon et Bastian Jakobsen, les cofondateurs de la start-up installée au Lux Future Lab.
On ne peut pas y échapper. Et tout un chacun en a déjà fait l’expérience. Par exemple, lorsqu’on vient chercher la paire de chaussures de ses rêves sur son site internet d’achat préféré, il y a souvent un petit truc qui nous déplaît, comme une suggestion pour une paire de baskets alors qu’on est à l’affût d’une magnifique paire d’escarpins.
La jeune start-up Adapti.me fondée fin juin 2016 par Antoine Granjon et Bastian Jakobsen, installée depuis neuf mois au Lux Future Lab, l’incubateur du boulevard Royal, est passée par le programme Fit4Start. Elle propose une solution qui intéressera autant les entreprises que les utilisateurs de sites internet. L’outil qui porte le nom de la jeune entreprise est un robot (un fichier JavaScript), installé par «l’administrateur du site», dit Bastian Jakobsen.
Ce robot doté d’«une intelligence artificielle», appelée Asuka (comme le chat de Bastian Jakobsen), a «un contrôle sur le site», prévient le co-fondateur. Mais seul le «front end» (tout ce que l’utilisateur voit) est modifié. Asuka est même capable de savoir si l’utilisateur est myope ou s’il aime plus les articles sur le handball que sur le football. Pour une personne handicapée, le robot fera en sorte que sa navigation soit facilitée et adaptée aux difficultés qu’elle rencontre.
Un big data responsable
Les deux papas d’Adapti.me définissent leur produit comme «un outil de marketing». «On est dans le marketing moderne», souligne Bastian Jakobsen. D’après lui, auparavant, le marketing était un outil de vente.
Depuis deux ans, en Europe, la donne a changé. «On est sur l’expérience utilisateur.» La publicité sera faite pour qu’il «se sente connecté à cette marque. On est dans de la vente indirecte. On fait de la personnalisation pour que l’utilisateur se sente mieux.» En clair, qu’il soit comme à la maison. «On sait qu’on parle beaucoup de personnalisation, avise Antoine Granjon, mais les sites internet n’existent que sur une seule version pour tout le monde.» L’idée d’Adapti.me, selon lui, c’est d’avoir un site qui «peut parler à chaque personne». Le concept de «big data» (volume de données considérable) «n’a pas forcément que du négatif», prévient Antoine Granjon. Dans le domaine médical, par exemple, il peut servir pour faire un diagnostic. «Il y a une différence entre le big data du marketeur et le big data responsable», concept dont les deux fondateurs de la start-up se sentent le plus proches.
Adapti.me n’utilise pas les données personnelles des utilisateurs comme les noms et les adresses mail. «On ne récolte que des choses utiles» pour l’adaptation du site à l’utilisateur, pointe Bastian Jakobsen. L’entreprise comporte pour l’instant deux salariés, les deux fondateurs et «quatre-cinq stagiaires», note Bastian Jakobsen. Les fondateurs de la start-up feront appel à une levée de fonds «en décembre 2017», ajoute Antoine Granjon.
Aude Forestier