La facture n’en finit plus de flamber pour les consommateurs : après l’électricité, le gaz et le carburant, c’est la prime d’assurance habitation qui s’envole, en hausse de 15% en moyenne toutes compagnies confondues, selon l’ULC.
Alors que 2021 s’est achevée en pleine crise énergétique, avec des tarifs en hausse tous azimuts, 2022 démarre avec une autre mauvaise surprise, du côté des primes d’assurance cette fois : plusieurs compagnies ont, en effet, décidé de gonfler les cotisations qui concernent les contrats habitation.
Si une certaine adaptation des prix était attendue après les inondations historiques de juillet dernier, dont le coût est désormais chiffré à 135 millions d’euros au lieu des 120 millions d’abord annoncés, de nombreux clients rapportent des majorations de l’ordre de 15%, parfois plus.
Incompréhensible pour l’Union luxembourgeoise des consommateurs, qui regrette que cette augmentation se soit faite «dans l’opacité la plus totale et sans préavis».
«On pensait bien que les catastrophes naturelles de l’an passé auraient des répercussions, vu les coûts supplémentaires supportés, mais comment justifier une telle flambée ?», interroge Nico Hoffmann, le président de l’ULC, qui cite les réserves avantageuses engrangées ces dernières années grâce aux excellents résultats du secteur. Selon lui, les clients de la plupart des compagnies sont directement touchés, dont ceux des poids lourds de l’assurance au Grand-Duché, Foyer et Lalux.
L’ULC interpelle le gouvernement
Une situation particulièrement difficile pour bon nombre d’entre eux, déjà sur le fil en temps normal et fragilisés encore davantage ces dernières semaines : «Les personnes au salaire social minimum, les familles monoparentales, les personnes âgées : tous ces citoyens vulnérables ne parviennent plus à vivre sereinement», constate le président. «L’effet cumulatif de toutes ces hausses de prix, que ce soit pour les services ou les produits du quotidien, est désastreux.»
C’est précisément pour ces ménages au pied du mur que l’ULC réclame un «amortissement social» de la part des assureurs et plaide pour la transparence en matière de politique tarifaire. «Nous demandons également au gouvernement de plafonner les primes d’assurance, comme nous l’avons demandé récemment pour l’énergie, à l’instar de certains partis politiques», poursuit Nico Hoffman. «Les autorités ont les moyens d’agir et il devient urgent de le faire», insiste-t-il.
Mais dans le camp d’en face, la proposition prête à sourire : «Le plafonnement n’est absolument pas une option», estime Marc Hengen, administrateur délégué de l’Association des compagnies d’assurances et de réassurances (ACA).
«Je ne vois pas comment l’État pourrait intervenir, puisqu’il s’agit d’un marché libre avec une autorité de contrôle, le Commissariat aux assurances. Ce serait contraire au métier d’assureur», tranche-t-il, niant avoir connaissance de ces hausses de prix, «la pratique tarifaire étant hors du champ de l’activité de l’ACA.»
Notons que, pour l’instant, la proposition d’un plafonnement des prix de l’énergie, soutenue par les partis d’opposition CSV et déi Lénk, laisse le gouvernement de marbre, alors que d’autres mesures sont mises en avant, comme la majoration de 10% de l’allocation de vie chère intervenue au 1er janvier.
Une hausse inévitable due à l’inflation
Si la multiplication des catastrophes naturelles au Luxembourg explique, en partie, cette soudaine augmentation des primes d’assurance, l’inflation joue aussi un rôle déterminant : «Les contrats d’habitation sont indexés depuis toujours sur l’indice des prix de la construction et de la consommation», explique Franck Marchand, directeur des opérations chez Foyer.
«Ce qui est logique, puisqu’on indemnise nos assurés au prix du marché lorsqu’il faut remplacer leur fenêtre cassée ou leur téléviseur en panne par exemple.» Or la flambée des prix des matières premières et des matériaux l’an dernier a eu un impact direct sur ces deux indices qui ont fortement augmenté.
Quant à la proposition de plafonnement des primes de l’ULC, il la juge peu pertinente : «Nous, assureurs, avons les moyens de mutualiser le risque de catastrophe naturelle au Luxembourg dans le monde entier, ce que l’État ne peut pas faire.
Ce système de plafonnement reviendrait donc plus cher aux citoyens au final», indique-t-il, précisant que la réassurance pour ce type de risque au Grand-Duché est de plus en plus chère depuis 2018.
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