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Luxaviation – Patrick Hansen souhaite un centre de maintenance au Luxembourg


Patrick Hansen dit se battre depuis cinq ans pour pouvoir construire un centre de maintenance au pays. ( Photo : JZ)

En un peu plus de cinq ans, Luxaviation s’est hissée au deuxième rang mondial de l’aviation d’affaires. Patrick Hansen, son codirecteur général, revient sur cette progression spectaculaire.

En cinq ans, la flotte de Luxaviation est passée d’un à 250 avions. Entre croissance organique et croissance par acquisition, l’opérateur luxembourgeois pèse maintenant un demi-milliard d’euros de chiffre d’affaires. Il souhaite désormais conquérir le marché asiatique.

En quelques mots, quel est votre parcours professionnel?

Patrick Hansen  : J’ai commencé comme employé aux P&T pour développer la partie internet, mais j’avais déjà créé, lorsque j’étais étudiant, une société. Diplômé de l’Ichec à Bruxelles, j’ai également fait un MBA en finance et j’ai participé à plusieurs projets, avec une bande d’amis, comme Monster.lu ou encore AtHome. J’ai également pu travailler à Londres et Moscou, avant de revenir au Luxembourg en 2007, afin de développer, pour le compte d’un grand client, une société pétrolière. Après un an et demi, j’avais envie d’autres choses, de me rapprocher d’autres projets qui m’étaient un peu plus proches. C’est là que le projet Luxaviation est arrivé.

Quelle était la situation de Luxaviation?

À ce moment-là, la société Luxaviation ne comptait qu’un seul avion et n’avait plus d’argent dans ses caisses. Nous avons donc décidé de reprendre l’entreprise en main et de changer de stratégie.

C ‘est-à-dire ?

Le marché de l’aviation est un marché où la sécurité est primordiale. Les réglementations sont toujours plus strictes et avec un, deux ou quatre avions, la viabilité était impossible. D’autant qu’acquérir plus d’avions, rapidement et de façon organique, était tout aussi impossible. Nous avons consulté le marché de l’aviation d’affaires, qui était extrêmement fragmenté et nous avons entrepris une stratégie de croissance par acquisition [Fairjets, Abelag, Unijet, LEA et Execujet]. Nous avons donc grandi grâce à une croissance par acquisition d’une part, et une croissance organique, de l’autre, liée à l’expansion du groupe.

Aujourd’hui, quelle est l’activité de Luxaviation au Luxembourg?

Il faut comprendre que les avions sont des avoirs mobiles, pouvant être au Findel aujourd’hui et demain à Genève. Donc par définition, 250  avions sont disponibles à Luxembourg et dans presque n’importe quel point en Europe et dans le monde. D’un point de vue fonctionnel, le siège de Luxaviation est ici au Grand-Duché, ainsi que la partie « business development ». Nous avons également, au Findel, une très petite activité de maintenance. En tout, nous employons entre 110 et 120  personnes au Luxembourg.

Vous engagez de la main-d’œuvre au Luxembourg?

On tente d’en trouver et d’en engager. On a l’avantage d’avoir de grands groupes comme Luxair ou Cargolux et un certain savoir-faire. Il y a une bonne formation dans le pays grâce à eux, fortement basée sur les moteurs des Boeing  747 de Cargolux en termes de maintenance, par exemple. J’aimerais bien attirer et engager des personnes avec ce savoir-faire au Luxembourg, mais malheureusement, je n’ai pas les infrastructures ni les installations. Ce n’est pas un problème de talents, mais un problème de stationnement. Pour les pilotes, c’est un peu différent, nos avions sont mobiles, les pilotes aussi. Nous avons des pilotes luxembourgeois, mais également d’un peu partout dans le monde en fonction de leurs qualifications.

Pourquoi n’avez-vous pas les infrastructures ou les installations nécessaires?

Les hangars que nous louons au Findel ne sont pas adaptables pour en faire un centre de maintenance de qualité, ou un centre tout court. Pourtant, depuis cinq ans, je me bats pour pouvoir construire un centre de maintenance ici à Luxembourg. Si j’avais cela, je serais en mesure d’attirer plus de talents luxembourgeois. Et puis, je préfère faire la maintenance ici, au lieu d’envoyer mes avions à Bâle.

Numéro deux mondial, l’objectif est-il de devenir numéro un?

Non! Être numéro un n’est pas une fin en soi. Netjets appartient à Warren Buffet, un homme avec beaucoup plus d’argent que nous. Nos objectifs sont de maintenir notre niveau de sécurité et d’être présents sur des zones où il y a la possibilité de faire croître notre croissance organique, comme le marché asiatique, très embryonnaire. Le marché américain ne nous intéresse pas, au contraire de l’Europe, l’Australie et l’Asie.

Jeremy Zabatta

Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans Le Quotidien papier de ce samedi.