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L’UE promet de vastes réformes économiques après l’élection de Trump


(Photo : AFP)

Les Vingt-Sept, réunis en sommet à Budapest, ont lancé ce vendredi 8 novembre un vaste plan de réformes inspiré par Mario Draghi pour relancer l’économie européenne sous la menace d’une guerre commerciale avec les États-Unis de Donald Trump.

Les réformes économiques sont devenues « encore plus urgentes » avec l’élection de Donald Trump aux États-Unis, a averti l’ancien Premier ministre italien alors que le milliardaire américain a promis de taxer les importations de produits européens pour réduire les excédents commerciaux de l’UE.

L’ancien président de la Banque centrale européenne a publié début septembre un rapport pour relancer la croissance dans une Europe qui décroche par rapport aux États-Unis. Il est venu le présenter aux chefs d’État et de gouvernement européens dans la capitale hongroise.

L’Europe doit relancer sa croissance grâce à des investissements massifs dans l’innovation numérique, la transition verte et les industries de défense, estime-t-il dans le document de 400 pages commandé l’an dernier par Ursula von der Leyen.

« Depuis, l’urgence de produire des résultats a augmenté », a-t-elle affirmé en promettant de s’appuyer sur les conclusions de Mario Draghi.

Elle a cité parmi ses priorités la réduction de la bureaucratie pour les entreprises, notamment les start-ups, et la création d’une union de l’épargne et des investissements pour aider les entreprises à financer leurs besoins en recherche et développement.

Ursula von der Leyen a promis de proposer « dans les 100 premiers jours » de son mandat un pacte industriel vert pour soutenir la décarbonation de l’industrie, à l’issue d’un sommet qui s’est achevé sans photo de famille et que le président français Emmanuel Macron a quitté sans faire de déclaration.

« Mario Draghi a lancé un appel clair à un sursaut européen. L’Europe a besoin d’une modernisation fondamentale pour rester compétitive », a estimé le chancelier allemand Olaf Scholz.

« C’est un moment de réveil stratégique pour les Européens », a affirmé le ministre français chargé de l’Europe Benjamin Haddad.

Mais au-delà des déclarations de principes, les divergences de vue restent profondes sur de nombreux sujets, en particulier les financements publics à mobiliser.

Un mur d’investissements

Le tableau dressé par Mario Draghi est sombre : l’Europe subit un décrochage économique par rapport aux États-Unis et accroit dangereusement sa dépendance envers la Chine pour certaines matières premières et technologies stratégiques. Le revenu par habitant « a augmenté presque deux fois plus aux États-Unis qu’en Europe depuis 2000 », souligne-t-il.

Le responsable italien chiffre les investissements nécessaires sur le Vieux Continent entre 750 et 800 milliards d’euros par an, plus que le plan Marshall des États-Unis qui a soutenu la reconstruction de l’Europe après la Deuxième Guerre mondiale.

Ce mur d’investissements est un immense défi pour les 27 pays de l’UE au moment où ils tentent de réduire leur endettement et leurs déficits budgétaires.

Les dirigeants de l’UE ont reconnu vendredi « l’urgence d’une action décisive » dans une déclaration qui reprend les principales pistes mises en avant par Mario Draghi : approfondissement du marché unique, union des marchés de capitaux, mise en œuvre d’une politique commerciale qui défende les intérêts européens, simplification réglementaire…

Mais ils restent vagues sur les questions budgétaires. Les Vingt-Sept reconnaissent qu’il faudra mobiliser « à la fois des financements publics et privés » et affirment vouloir « explorer tous les instruments et outils », une mention controversée qui a suscité de longs pourparlers.

L’Allemagne et d’autres pays « frugaux » excluent en effet tout recours à un nouvel endettement commun, malgré le succès du plan de relance historique post-Covid de 800 milliards d’euros initié en 2020. Ils pourraient cependant envisager des financements publics via le budget de l’Union européenne ou un recours accru à la Banque européenne d’investissement.

L’accent sera mis sur les financements privés en mobilisant l’épargne des Européens vers les besoins des entreprises et en faisant tomber les barrières nationales qui empêchent la création d’un vrai marché intérieur de la finance.

Au-delà de la déclaration de principe de Budapest, les pays membres risquent de s’enliser dans des débats interminables. Outre le problème du financement, leurs intérêts divergent sur l’union des marchés de capitaux, véritable serpent de mer des sommets européens. La création d’une union des télécoms, de l’énergie ou des industries de défense bloque aussi depuis des années.