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L’ONU dans le rouge, les salariés menacés de fin de mois difficile


"Ce sont les États membres qui sont responsables de la santé financière de l'Organisation", rappelle Antonio Guterres. (photo AFP)

Le budget de fonctionnement de l’ONU est dans le rouge depuis septembre pour plus de 200 millions de dollars, et si les mauvais payeurs, dont les États-Unis, ne règlent pas rapidement leurs dettes, les salaires des fonctionnaires pourraient ne pas être versés à partir de novembre.

Dans un communiqué mardi, le secrétaire général de l’Organisation, Antonio Guterres, évoque « la pire crise de trésorerie des Nations unies depuis près d’une décennie ». « L’Organisation court le risque d’épuiser ses réserves de liquidités d’ici à la fin du mois et de ne pas régler ses paiements au personnel et aux fournisseurs », dit-il. La cause ? Des retards de paiement de leurs contributions obligatoires par plusieurs pays que l’ONU se refuse à identifier publiquement.

Selon des sources onusiennes, les principaux mauvais payeurs accusant de gros retards sont les États-Unis, le Brésil, l’Argentine, le Mexique et l’Iran. Au total, 64 pays doivent de l’argent à l’ONU. Parmi eux figurent le Venezuela, la Corée du Nord, la Corée du Sud, la République démocratique du Congo, la Centrafrique, Israël, le Mali ou l’Arabie saoudite. Le dernier État à s’être acquitté de sa contribution est la Syrie, a indiqué mardi lors de son point-presse quotidien le porte-parole de l’Organisation, Stéphane Dujarric.

Restrictions envisagées

Dans une lettre adressée lundi aux quelque 37 000 personnes travaillant pour le secrétariat de l’ONU, Antonio Guterres soulignait qu’à fin septembre, la trésorerie onusienne était en déficit de 230 millions de dollars. Dans son communiqué mardi, il indique que si l’Organisation n’avait pas pris les devants depuis le début de l’année en mettant au fur et à mesure en adéquation ses dépenses et ses revenus, le trou financier aurait pu atteindre 600 millions en octobre et altérer la tenue de l’Assemblée générale de l’ONU, fin septembre, avec les dirigeants de la planète.

« Le secrétaire général remercie les États qui ont payé, au nombre de 129 (sur 193 États membres), et exhorte ceux qui n’ont pas payé à le faire urgemment et en totalité », précise son communiqué. « Le secrétariat pourrait faire face à un défaut de paiement sur les salaires et les paiements de biens et services d’ici à fin novembre, sauf si davantage d’États membres paient la totalité de leurs contributions budgétaires ».

Dans sa lettre lundi aux employés, Antonio Guterres soulignait que « les dernières réserves de trésorerie risquent d’être épuisées d’ici à la fin du mois » d’octobre. Afin de limiter les dépenses au cours du dernier trimestre, le chef de l’ONU évoque notamment la possibilité de reporter des conférences et des réunions et de revoir à la baisse les services à fournir. Des instructions ont aussi été données pour restreindre les voyages officiels aux activités les plus essentielles, procéder à des reports d’achats de biens et de services et à des économies d’énergie.

1,4 milliard à récupérer

« A ce jour, les États membres n’ont versé que 70% du montant total nécessaire aux activités inscrites au budget ordinaire de 2019 », indique le secrétaire général, qui a « écrit aux États membres le 4 octobre pour les avertir que les activités financées au moyen du budget ordinaire étaient à un stade critique ». Selon un responsable de l’ONU s’exprimant sous anonymat, Antonio Guterres avait réclamé au printemps aux États membres de pouvoir augmenter son fonds de roulement pour avoir un peu de marge et ne pas connaître de problème de trésorerie. Mais ces derniers ont refusé.

Le budget de fonctionnement de l’ONU pour la période 2018-2019, séparé des crédits pour les opérations de paix, avoisine les 5,4 milliards de dollars. Premier contributeur, les États-Unis en paient 22%. Le montant restant dû pour 2019 au titre du budget ordinaire est de 1,386 milliard de dollars. « Ce sont les États membres qui sont responsables de la santé financière de l’Organisation », rappelle Antonio Guterres dans ses appels pressants en faveur d’un assainissement des finances de l’ONU.

LQ/AFP