Les patrons des grands groupes cotés à Londres ont gagné 183 fois le salaire d’un employé britannique moyen l’an dernier, creusant un peu plus l’écart entre les deux, selon un rapport du centre d’études High Pay Centre publié lundi.
Les directeurs généraux des cent entreprises faisant partie de l’indice FTSE-100 des principales valeurs de la Bourse de Londres ont ainsi été payés en moyenne 4,964 millions de livres (6,98 millions d’euros) l’an dernier, contre 4,923 millions de livres en 2013 et 4,123 millions en 2010.
Cela représentait 183 fois la paie moyenne d’un employé à plein temps au Royaume-Uni. Les patrons gagnaient 182 fois plus en 2013 et 160 fois plus en 2010, selon l’étude du High Pay Center. « Les rémunérations de cette taille vont bien au-delà de ce qui est raisonnable ou nécessaire pour récompenser ou encourager les dirigeants », a estimé Deborah Hargreaves, directrice du centre d’étude, qui se présente comme non-partisan.
Les actionnaires ont le pouvoir de faire entendre leur opposition lors des assemblée générales, ce qui arrive parfois: une majorité avait ainsi voté contre la paie du patron du groupe de luxe Burberry l’an dernier. Mais en moyenne seulement 6,4% des actionnaires ont voté contre les rémunérations des patrons des entreprises du FTSE-100.
« L’inégalité a atteint des niveaux stratosphériques »
Les grands groupes sont obligés depuis 2013 de publier des chiffres plus transparents sur la paie des patrons, qui en général reçoivent en plus de leurs salaire de base des bonus, stock-options et autres avantages.
« Toutefois il est clair que ces réformes n’ont pas du tout fait assez pour commencer à bâtir une culture de la rémunération dans laquelle tout le monde est récompensé équitablement et proportionnellement pour son travail », a jugé Deborah Hargreaves. « L’inégalité a atteint des niveaux stratosphériques », a réagi Frances O’Grady, la secrétaire générale de la confédération syndicale TUC.
« Après des années de chute du niveau de vie, c’est une honte que les dirigeants d’entreprises s’arrogent une part toujours plus importante des fruits de la croissance. Nous avons besoin d’une reprise qui bénéficie au plus grand nombre et pas seulement à quelques-uns », a-t-elle ajouté.
Un porte-parole de la Confédération des industries britanniques (CBI), la principale organisation patronale du pays, a souligné que « les rémunérations élevées ne sont justifiées que par des performances exceptionnelles et il doit toujours y avoir un lien clair entre les deux ». « Les actionnaires ont désormais le droit de voter sur les politiques de paie des entreprises et il est important qu’ils se servent efficacement de ce droit », a-t-il conclu.
AFP