Lundi prochain, la direction et les partenaires sociaux se retrouveront autour d’une table une dernière fois pour trouver un terrain d’entente dans un plan social pouvant déboucher sur le licenciement de 47 personnes.
Le bras de fer entre la direction de Guardian Luxembourg, spécialisée dans la fabrication du verre, et les syndicats est toujours d’actualité. Après la mise en place d’un plan de maintien dans l’emploi ayant «sauvé» près de 150 personnes d’un licenciement, il reste actuellement 47 personnes en proie à un tel avenir. L’OGBL continue de négocier avec la direction du groupe américain, mais les discussions restent difficiles de l’aveu d’Alain Rolling, secrétaire central de l’OGBL en charge du dossier.
«C’est effectivement toujours très difficile. D’autant plus que l’on sait que l’on parle à des personnes, la direction, qui n’ont aucun pouvoir de décision. C’est d’ailleurs pour cela que lors des réunions, elles sortent de la salle pour passer un coup de fil plus haut», déplore le syndicaliste qui ne comprend toujours pas pourquoi Guardian n’a pas donné un peu plus de temps afin de trouver des solutions dans le cadre d’un plan de maintien dans l’emploi.
«On n’avance pas dans les négociations. La direction a fait une proposition pécuniaire pour les 47 licenciements, mais nous sommes très loin du compte», assure Alain Rolling. «Actuellement, on voit que le taux de recouvrement est très bas sur la chaîne de production. Évidemment, en se séparant d’un grand nombre de ses effectifs, dès qu’il y a une personne de malade ou d’absente, cela crée une surcharge de travail sur les gars. Plus il y aura de surcharge, plus il y aura de fatigue, de maladies, etc. Mais encore une fois, la direction ne veut rien entendre et nous sommes véritablement sur des positions opposées», souligne Alain Rolling.
Réunion de la dernière chance
Le secrétaire central assure craindre de ne pas avoir le choix d’arriver jusqu’à l’Office national de conciliation (ONC). «On s’y dirige, c’est une certitude. Nous avons encore une réunion lundi prochain avec la direction. Mais si elle n’aboutit à rien, mardi nous n’aurons pas d’autre choix», lance le syndicaliste.
Auparavant, Alain Rolling veut encore une fois se tourner vers les salariés afin de «parler aux gars» pour reprendre les mots du syndicaliste qui se bat depuis maintenant plusieurs mois afin d’éviter les licenciements. «Sur les 47 personnes visées par le plan social, une dizaine ont plus de 52 ans. Si elles sont licenciées, cela veut dire qu’elles n’auront plus la possibilité de profiter de la préretraite. Et sur le marché de l’emploi, retrouver un poste à plus de 52 ans, ce n’est pas si facile. C’est pour cela que dans nos revendications on insiste pour que les personnes avec de l’expérience ne soient pas touchées par le plan social», peste Alain Rolling.
Une ligne déjà abordée lors du plan de maintien dans l’emploi où le syndicat voulait protéger les plus âgés, conscient de la difficulté de retrouver un emploi sur le marché à un certain âge. Prochaine étape, lundi, avec une dernière réunion entre la direction de Guardian et les partenaires sociaux. «C’est la réunion de la dernière chance», explique Alain Rolling.
Trois mois de lutte
Pour rappel, en l’espace d’un peu plus de trois mois, la direction a souvent cédé face à la pression exercée par les syndicats et plus précisément l’OGBL et le FNCTTFEL-Landesverband. En août dernier, près de 200 personnes s’étaient réunies devant les grilles de l’usine à Dudelange pour vomir leur colère contre la direction. Quelques jours plus tard, rebelote devant les grilles de l’usine de Bascharage.
Un grand nombre de salariés étaient également remontés face à la stratégie du groupe américain, installé au Luxembourg depuis 1981, réduisant l’investissement dans les outils de production et coupant drastiquement dans les effectifs au Grand-Duché alors que dans le même temps Guardian inaugurait une nouvelle usine en Pologne avec une capacité de production bien supérieure aux installations luxembourgeoises.
Guardian a décidé cet été de se séparer de 201 postes sur les 450 présents au Luxembourg. Avec les outils sociaux du plan de maintien dans l’emploi, ce sont 154 personnes qui ont pu trouver des solutions comme la préretraite ou le prêt de main-d’œuvre. Actuellement, 47 personnes sont susceptibles d’être licenciées dans le cadre du plan social.
Jeremy Zabatta