Du mieux, mais dans un contexte international très difficile : l’OCDE s’est montrée un peu plus optimiste sur la croissance mondiale dans ses dernières prévisions économiques publiées mercredi, tout en alertant sur la « longue route » avant de profiter d’une reprise durable.
« L’économie mondiale prend un tournant », a commenté Clare Lombardelli, fraîchement nommée cheffe économiste de l’Organisation de coopération et de développement économiques, en préambule d’un rapport sur les perspectives mondiales de l’institution.
Après trois années ponctuées par les crises à répétitions, entre la pandémie et la guerre en Ukraine, l’activité économique montre des signes d’apaisement, symbolisés par la légère hausse de la prévision de croissance mondiale de l’OCDE, attendue pour 2023 à 2,7% contre 2,6% au mois de mars.
D’après ce rapport dévoilé à l’occasion d’une réunion ministérielle annuelle au siège parisien de l’institution internationale, l’économie mondiale profite d’une accalmie de l’inflation après une explosion l’an dernier en raison des conséquences de la guerre en Ukraine sur les prix de l’énergie et des produits alimentaires.
En mai, l’inflation a par exemple nettement ralenti au sein de la zone euro, à 6,1% sur un an. Elle s’est établie aux États-Unis à 4,4% en avril, bien en dessous des niveaux atteints courant 2022.
Ce ralentissement signifie que les banques centrales pourraient limiter leurs hausses de taux d’intérêt, de bon augure pour l’accès au crédit des ménages et des entreprises, pour la consommation, et donc pour la croissance.
Le redémarrage récent de l’activité économique chinoise après sa politique draconienne de zéro-Covid apporte aussi un peu d’oxygène à l’économie mondiale, souligne l’OCDE, la croissance en Chine étant attendue cette année à 5,4%, soit une hausse de 0,1 point par rapport aux prévisions de mars, et à 5,1% l’an prochain (+0,2 point).
« Longue route »
L’OCDE prévoit 0,9% de croissance en zone euro cette année, en légère hausse de 0,1 point, grâce notamment à une réévaluation de la croissance du PIB italien à 1,2% (+0,6 point). La croissance française atteindrait 0,8% (+0,1 point) et l’Allemagne est attendue avec une croissance nulle (-0,3 point).
Le Royaume-Uni pourrait quant à lui connaître une croissance de 0,3% cette année, là où l’OCDE envisageait précédemment une récession.
Hors d’Europe, le PIB des États-Unis devrait croître de 1,6% et celui de l’Inde de 6,0%, des prévisions en hausse dans les deux cas de 0,1 point par rapport à mars.
Malgré les quelques signes encourageants, l’activité économique mondiale « fait face à une longue route à parcourir avant d’atteindre une croissance forte et durable », a tempéré la britannique Clare Lombardelli qui a pris ses fonctions à l’OCDE près d’un an après la nomination de Laurence Boone au gouvernement français.
« La reprise sera plus faible en comparaison avec les standards du passé », souligne-t-elle aussi, notant qu’avec 2,9%, la prévision de croissance mondiale de l’OCDE pour 2024 a été laissée inchangée par rapport à mars.
Parmi les défis cités par l’OCDE figure la persistance de l’inflation hors énergie et produits alimentaires qui « demeure obstinément élevée » et impose aux banques centrales de « maintenir des politiques monétaires restrictives jusqu’à ce qu’il y ait des signes clairs » d’apaisement, relève Mme Lombardelli.
Or des taux d’intérêt élevés empêchent l’économie mondiale de croître plus franchement, en réduisant la distribution de crédits et en encourageant l’épargne plutôt que la consommation.
« La période que nous traversons se caractérise par une croissance lente mais c’est ce que voulaient les décideurs qui ambitionnaient de dissiper les pressions inflationnistes », observe auprès de l’AFP James Pomeroy, économiste au sein d’HSBC.
Selon lui, « nous n’avons pas encore vu partout les effets des hausses de taux d’intérêt sur l’économie », qui pourraient se faire sentir dans les mois à venir dans la zone euro et aux États-Unis et peser encore sur la croissance.
Les hausses de taux pèsent aussi fortement sur les finances publiques des États en renchérissant le coût de leurs emprunts, ce qui augmente leur dette déjà largement creusée par les crises à répétition.
« Presque tous les pays ont des déficits et un endettement plus élevés qu’avant la pandémie, et beaucoup sont confrontés à des pressions croissantes sur les dépenses publiques liées au vieillissement des populations, à la transition climatique et au fardeau du coût de la dette », relève le rapport qui encourage les États à cibler davantage leur soutien budgétaire.
Pour l’instant, c’est la décroissance qui est en vue pour l’occident.
Pour le, reste du monde, moins stupide, il en va autrement: la Chine et l’Inde regorgent d’énergie bon marché, merci la Russie et les sanctions occidentales. De nombreux pays se dédollarisent, et veulent adhérer au groupe des BRICS, Swift va être remplacé par d’autres mécanismes indépendants des USA, etc.