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« L’impact économique de la pandémie sera probablement grave et durable »


Les Etats-Unis font face à 22 millions de nouveaux inscrits au chômage. (Photo / AFP)

Catastrophe sanitaire aux dimensions planétaires, la pandémie de coronavirus a des répercussions majeures et pourrait en 2020 plonger le monde tant dans une « catastrophe humanitaire » avec un effet dévastateur pour les économies, ont prévenu l’ONU et l’OIT (Organisation internationale du travail).

Avec, selon un décompte de l’AFP, plus de 2,5 millions de personnes malades (le nombre de contaminés doit être bien supérieur), la pandémie a déjà fait au moins 172.000 morts, plongé six humains sur dix dans les affres du confinement et provoqué des répercussions économiques potentiellement dévastatrices. Le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) a prévenu que le Covid-19 risquait de provoquer en 2020 un doublement du nombre de personnes au bord de la famine, induisant une « catastrophe humanitaire mondiale ».

« Le nombre de personnes souffrant sévèrement de la faim pourrait doubler en raison de la pandémie de Covid-19, atteignant alors plus de 250 millions d’ici la fin de 2020 », en raison de l’impact économique causé par la maladie, a averti cette agence de l’ONU. Symbole des bouleversements économiques inédits provoqués par la pandémie, le prix du baril de pétrole américain est passé lundi en territoire négatif, atteignant moins 38 dollars, avant de repasser au-dessus de zéro à la clôture mardi.

Effet dévastateur sur les travailleurs et les employeurs

L’Organisation internationale du travail (OIT) a quant à elle prévenu mardi: « La crise du Covid-19 a un effet dévastateur sur les travailleurs et les employeurs », à travers « des pertes massives, sur la production et les emplois dans l’ensemble des secteurs ». « Le monde du travail traverse la pire crise internationale depuis la Seconde Guerre mondiale », a affirmé Alette van Leur, directrice des politiques sectorielles de l’OIT. « L’impact économique de la pandémie sera probablement grave et durable ».

En Europe, le ralentissement économique provoqué par le virus pourrait à terme affecter les emplois de 60 millions de travailleurs, entre baisses de salaires et licenciements, a prévenu le cabinet d’études McKinsey. La pandémie pourrait « presque doubler le taux de chômage européen dans les prochains mois », estime le cabinet de conseil américain, pour qui l’évolution de la situation sur le marché de l’emploi dépendra de « l’efficacité de la réponse de santé publique ».

Allemagne, Autriche, Norvège, Danemark assouplissent leur confinement

La première économie mondiale — Les Etats-Unis, pays le plus touché, qui a encore enregistré parmi les pires bilans journaliers avec plus de 2.700 morts en 24h mardi — compte à cause de la crise pas moins de 22 millions de nouveaux inscrits au chômage. En Europe, plusieurs pays – Allemagne en tête, mais aussi Autriche, Norvège, Danemark – ont commencé à assouplir les mesures de confinement, tout en conservant des mesures de « distanciation sociale ».

Berlin et dix des 16 états fédérés allemands ont décidé d’imposer le port du masque dans les transports publics. Bars, restaurants, lieux culturels, terrains de sports y demeurent fermés. Ecoles et lycées rouvriront progressivement. « Aller trop vite serait une erreur », s’est alarmée la chancelière Angela Merkel. En écho à ces inquiétudes, la célèbre Fête allemande de la bière de Munich, prévue cette année du 19 septembre au 4 octobre, a été annulée mardi par les autorités locales. « Les risques étaient tout simplement trop élevés » avec plus de 6 millions de visiteurs attendus, dont un tiers venant de l’étranger et d’Asie en particulier.

Italie et Espagne en voie vers un lent déconfinement

En Espagne, la ville de Pampelune a annoncé mardi qu’elle annulait ses célèbres fêtes de la San Fermin, dont les lâchers de taureaux attirent habituellement début juillet des centaines de milliers de touristes. « Il n’y a pas d’autre option possible pour des fêtes aussi massives et internationales », a annoncé la mairie dans un communiqué. Sur le continent européen, l’Italie est le pays le plus affecté (24.648 décès), suivi de l’Espagne (21.282), la France (20.796) et le Royaume-Uni (17.337).

L’Italie comme la France se préparent à un lent déconfinement, avec force précautions, respectivement à compter des 3 et 11 mai. En Espagne, les enfants, jusqu’ici interdits de sortie, peuvent à partir de lundi accompagner un adulte pour faire des courses de première nécessité. En revanche au Royaume-Uni, qui a enregistré mardi 828 décès supplémentaires et est toujours « en situation de danger », le confinement instauré le 23 mars a été prolongé d’au moins trois semaines.

 

LQ / AFP