La Compagnie nationale de pétrole (NOC) en Libye a annoncé ce dimanche la suspension de la production sur un important champ pétrolier dans le sud-ouest du pays après que des individus ont empêché les employés d’y accéder, sur fond de chaos politique.
« Samedi 16 avril 2022 à 18 h 30, un groupe d’individus a tenté à plusieurs reprises de stopper de force la production sur le champ al-Fil en empêchant les employés de travailler », a indiqué la NOC dans un communiqué dimanche, sans préciser l’identité des perturbateurs ni leurs motivations. La production ayant « cessé complètement dimanche », rendant « impossible le respect des engagements contractuels de la Compagnie », la NOC a alors décrété, « jusqu’à nouvel ordre », l’état de force majeure sur la livraison du brut au complexe Mellitah, situé sur la côte, non loin de la frontière avec la Tunisie.
Invoqué dans des circonstances exceptionnelles, l’état de force majeure permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole. Le champ al-Fil, situé dans le bassin de Morzouq à 750 kilomètres au sud-ouest de Tripoli, est géré par la coentreprise Mellitah Oil & Gas, entre la NOC et le géant italien Eni. Quelque 70 000 barils y sont produits habituellement chaque jour, sur une production estimée à 1,2 million de barils par jour en moyenne, mais qui fluctue grandement au gré des tensions sur le terrain.
Crise institutionnelle
La Libye, qui dispose des réserves les plus abondantes d’Afrique, peine à s’extirper de plus d’une décennie de chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Cette fermeture survient au lendemain de l’annonce faite par « un groupe de citoyens du sud » libyen de l’arrêt de la production sur le champ al-Fil, « tant que le gouvernement désigné par le Parlement n’a pas pris ses fonctions dans la capitale », selon l’agence de presse libyenne Lana.
Le pays d’Afrique du Nord est en proie à une crise politique majeure, avec deux Premiers ministres rivaux qui se disputent le pouvoir.
En février, le Parlement siégeant dans l’est a désigné l’ancien ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha comme nouveau chef de gouvernement. Mais celui-ci n’a toujours pas réussi à évincer l’exécutif en place à Tripoli dirigé par Abdelhamid Dbeibah, enfonçant le pays dans une crise institutionnelle qui rappelle les heures les plus sombres de la guerre civile.