Si l’hôtellerie de vacances relève doucement la tête après une année blanche, l’hôtellerie d’affaires ne voit pas encore le bout du tunnel et plombe le secteur et l’économie.
Passer des vacances dans son propre pays, le (re)découvrir. L’idée du ministère du Tourisme pour compenser la perte de touristes étrangers et divertir les Luxembourgeois en mal de voyages était judicieuse. Pourtant, le secteur de l’hôtellerie a souffert et souffre encore. Le ministère a émis des bons de 50 euros pour tenter de redresser la barre. À peine 20 % des 700 000 bons auraient été utilisés, selon le ministère du Tourisme qui se veut prudent et réserve son commentaire à plus tard. Si leur validité a été prolongée à deux reprises, le ministère a indiqué qu’il ne comptait pas jouer les prolongations à répétition. Leur validité prendra donc fin le 15 septembre, qu’ils aient tous été encaissés ou non.
Vingt pour cent, c’est mieux que rien pour François Koepp, secrétaire général de l’Horesca. «Ces bons ont bien soutenu l’hôtellerie de vacances et permis aux entreprises du secteur de fonctionner, indique-t-il. Ils ont permis de générer un chiffre d’affaires conséquent qui a sauvé les vies de certaines d’entre elles.» La saison a ainsi été relativement bonne avec un taux d’occupation de 65 % en moyenne pour cette branche et de 80 % lors des mois d’été. Bien que les chiffres restent inférieurs à ceux de 2019, les touristes étaient de retour sous nos latitudes.
«L’hôtellerie dans le centre du pays a été la plus sévèrement touchée», estime le secrétaire général épuisé par 16 mois de combat pour sauver son secteur. «Ces entreprises enregistrent des pertes de revenus de plus de 59 %. Le taux d’occupation des hôtels à Luxembourg était de 41 % en juillet dernier, soit une baisse de 59 % par rapport au même mois deux ans plus tôt.» Le taux d’occupation des hôtels dédiés au tourisme d’affaires et de congrès était de 29,9 % cette année, soit 77 % de moins qu’en 2019. La pandémie a ralenti les voyages d’affaires.
Pour François Koepp, le secteur de l’hôtellerie n’est pas encore sorti de l’auberge et devra encore bénéficier des aides du gouvernement pendant un certain temps. «Nous sommes en pleines négociations pour la suite, après le mois d’octobre. Je pense que le secteur devra être soutenu au moins durant toute la première moitié de l’année prochaine. Les études montrent que le tourisme d’affaires et de congrès ne reprendra pas dans le monde avant la fin de 2023», estime le secrétaire général qui craint les impacts négatifs d’un éventuel écroulement du secteur pour l’économie luxembourgeoise. «Si le gouvernement ne nous aide plus, des petites entreprises du secteur vont fermer les unes après les autres. (…) Il n’est pas question que nous soyons soutenus jusqu’à retrouver notre niveau de 2019, mais au moins pour nous permettre de rentrer dans nos frais.»
Actuellement, certaines entreprises perdraient de l’argent en travaillant. L’hôtellerie d’affaires et de congrès représente 65 % du secteur. «Pour payer leurs frais, les entreprises doivent avoir un taux d’occupation de 62 %», précise François Koepp.
«L’Horesca attaquée de toutes parts»
Absence de clientèle étrangère, Luxembourgeois qui ont encore du mal à passer un séjour à l’hôtel dans leur propre pays… Le secrétaire général de l’Horesca ne veut blâmer personne pour l’état du secteur. Il explique s’être parfois senti bien seul face au manque de réactivité ou de coopération de certains acteurs face aux démarches entreprises par son association. «Nous nous sommes démenés pour conserver les emplois», se souvient François Koepp.
À l’Horesca de faire avancer le secteur, même si ces derniers mois ont été difficiles. «Nous avons été attaqués de toutes parts, même personnellement, alors que nous avons tout mis en œuvre pour soutenir les entreprises, confie-t-il. Nous avons créé des aides qui n’existaient pas avec nos homologues allemands et autrichiens, le fonds de relance, la demande de chômage partiel… Mais nous ne pouvons pas aider les personnes qui n’ont pas fait de demande ou qui n’ont pas répondu à nos alertes.» Pourtant ce seraient ces personnes qui auraient été les plus virulentes.
Sophie Kieffer