La prévision du FMI d’une récession mondiale de 3% cette année a été élaborée sur la base d’une pandémie qui est terminée à la fin du mois de juin et les mesures de confinement levées au second semestre 2020.
Dans son dernier rapport sur les perspectives mondiales publié mardi, le Fonds monétaire international a également avancé trois évolutions alternatives à ce scénario de référence.
La première évolution se base sur l’hypothèse d’une pandémie non maîtrisée à la fin du mois de juin, contraignant les pays à maintenir leurs mesures draconiennes (confinement des populations, fermeture de commerces non essentiels, trafic aérien drastiquement réduit, télétravail en masse) au second semestre 2020. Le produit intérieur brut (PIB) se contracterait alors de 6% au lieu de 3%.
Le deuxième scénario envisage une seconde épidémie survenant en 2021 mais plus légère que la pandémie de cette année. La reprise économique mondiale ne serait alors pas de 5,8% mais d’environ 0,8%.
Le troisième est la combinaison des deux premiers : prolongement de la paralysie de l’activité et du confinement au second semestre suivie d’une seconde épidémie survenant en 2021. Au lieu d’avoir un rebond en 2021, la récession se poursuivrait, avec une contraction d’environ -2,2%. « Les trois scénarios contiennent quatre éléments communs », a précisé le FMI. Il cite « l’impact direct des mesures visant à contenir la propagation du virus; le resserrement des conditions financières; des mesures politiques pour soutenir les revenus et assouplir les conditions financières; et les cicatrices laissées par la dislocation économique que les mesures politiques ne sont pas en mesure de compenser complètement ».
Chute record en zone euro
Le FMI prévoit une chute record du PIB pour la zone euro cette année, en raison de la crise sanitaire du coronavirus et du confinement des populations, rabaissant mardi fortement ses prévisions de croissance.
Le Fonds monétaire international table désormais sur une dégringolade de 7,5% du produit intérieur brut dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique, après une hausse de 1,2% en 2019. L’euro a été lancé le 1er janvier 1999 dans 11 pays. Cette chute est la plus forte de toutes les régions du monde, selon les prévisions du FMI.
Sans surprise, l’Italie, l’un des pays les plus touchés dans le monde (plus de 20 000 morts), va subir de plein fouet les conséquences économiques de la pandémie. À l’arrêt quasi total depuis plus d’un mois, ce pays devrait voir son PIB chuter de 9,1% en 2020, après une hausse poussive de 0,3% en 2019.
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Le Fonds s’attend à ce que l’économie dans la zone euro reparte progressivement au second semestre 2020, avec la levée progressive des mesures de confinement qui a été ordonné pour tenter d’enrayer la progression du virus.
En 2021, la zone euro devrait voir s’amorcer une reprise (quoiqu’à un rythme plus lent que la chute en 2020) avec une croissance de 4,7%. Le 20 janvier dernier, alors que l’épidémie de coronavirus s’était abattue sur la Chine, le FMI tablait sur une croissance de 1,3% pour 2020.
Pour le Royaume-Uni, pays qui a quitté l’UE en janvier et n’a jamais fait partie de la zone euro, le FMI table sur une baisse du PIB de 6,5% en 2020, après une hausse de 1,4% en 2019.
Première économie de la zone euro, l’Allemagne, puissance exportatrice qui avait déjà souffert de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, devrait voir sa croissance se contracter de 7% cette année, après une petite hausse de son PIB de 0,6% l’an dernier. La France, numéro deux, enregistrera une chute légèrement plus forte de son PIB de 7,2% en 2020, après une hausse de 1,3% en 2019. Le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, a prédit quant à lui mardi une chute de 8% du PIB pour 2020, alors que les mesures de confinement en France ont été prolongées jusqu’au 11 mai.
Le FMI a salué les plans de soutien à l’économie décidés par ces deux poids lourds de la zone euro, même si la France va voir le niveau de sa dette grimper à un niveau record. Le FMI estime dans son rapport que certains pays de la zone euro sont bien mieux armés que d’autres pour faire face aux conséquences économiques provoquées par la pandémie, une référence implicite à la bagarre actuelle entre le Nord et le Sud de la zone. L’Allemagne et les Pays-Bas, chantres de la discipline budgétaire, résistent aux appels du pied de leurs voisins du Sud –Italie, Espagne et France – qui veulent davantage de solidarité dans l’UE pour affronter la crise économique qui va succéder à la crise sanitaire.
Ces pays plaident pour une mutualisation des dettes pour financer le plan de relance massif que l’UE des 27 espère mettre en place. Le FMI demande une « aide européenne significative » qui soit ciblée sur les pays particulièrement touchés par ce qui est un « choc commun purement exogène ». Il relève également que les « économies avancées dotées d’un système médical relativement fort et disposant d’un meilleur accès aux liquidités internationales (…) avec la possibilité d’emprunter à bas coûts sont mieux équipées pour combattre la crise sanitaire ».
LQ/AFP