L’ALEBA, l’OGBL-SBA et le LCGB-SESF ont fait part de leur inquiétude au ministre des Finances quant à l’impact négatif du projet de loi 7024 sur l’emploi dans l’informatique.
Le 29 juillet dernier, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, avait déposé le projet de loi 7024 qui vise à transposer dans la législation nationale le règlement européen UE 2015/751 du 29 avril 2015 relatif aux commissions d’interchange pour les opérations de paiement liées à une carte. Fin novembre 2016, L’ALEBA était montée au créneau en affirmant que le projet de loi envisageait de modifier l’article 41 de la loi du 5 avril 1993 sur le secret professionnel, «afin de faciliter l’externalisation des services».
Un assouplissement nécessaire
Pour l’organisation syndicale de l’avenue Monterey, «si le projet de loi devait être adopté, l’obligation du secret professionnel serait considérablement assoupli». Le traitement des données du secteur financier pourrait être délocalisé à l’étranger. À l’époque, le premier syndicat de la place financière avait tiré la sonnette d’alarme, assurant que ce projet de loi était «un chèque en blanc du gouvernement pour un bain de sang social», principalement dans les fonctions informatiques «et ce à très court terme». Cinq mille postes seraient supprimés tant chez les professionnels du secteur financier (PSF) que dans les établissements financiers eux-mêmes.
Le 6 mars, Pierre Gramegna a remis le sujet sur le tapis en conviant l’ALEBA, l’OBGL-SBA et le LCGB-SESF à une présentation des amendements de ce projet de loi désormais célèbre. Dans leur communiqué de presse commun diffusé lundi, les trois organisations syndicales ont évoqué les motifs avancés par le ministre, justifiant cette modification.
D’après lui, l’assouplissement du secret professionnel «est nécessaire pour garantir à moyen et long termes la viabilité» de la place financière. «La finalité est de permettre avant tout aux banques de rester compétitives et d’attirer de nouveaux emplois par l’internalisation», écrivent-ils. Le ministre estime quant à lui, toujours selon les syndicats, que cet assouplissement du cadre légal «encouragera les banques et autres nouveaux prestataires de services du monde financier à venir s’installer» au Grand-Duché.
Un état des lieux à faire
Bien que, pendant l’entrevue, Pierre Gramegna ait joué la carte de l’apaisement, les syndicats sont tout de même inquiets de l’impact négatif qu’aura cette modification «sur les emplois du secteur». Ils se demandent «si la création attendue d’emplois pourra équilibrer la perte dont s’accompagnera cette modification». Les trois forces syndicales, craignent en outre que «l’effet d’aubaine» attendu par le gouvernement «ne se traduira en définitive que par l’installation des maisons mères au Luxembourg; sans pour autant que les entreprises ne ramènent leurs quartiers logistiques avec eux».
L’ALEBA, l’OBGL-SBA et le LCGB-SESF ont déploré l’absence d’un état des lieux des répercussions sur les emplois du secteur. Ce en quoi le ministre a répondu que «le gouvernement ainsi que le Haut Comité de la place financière sont conscients que des efforts combinés sont nécessaires», pour assurer le futur de la Place, «notamment par l’offre de formations et de reconversions professionnelles adéquates». Ministre et syndicats se sont accordés sur le fait qu’il était essentiel «de réaliser un état des lieux au préalable sur les compétences existantes et celles dont devront être pourvus les salariés dans le futur», notent-ils.
Aude Forestier