Les prix du pétrole, qui sont tombés à leur niveau le plus bas depuis plus de 12 ans, pourraient continuer à baisser car l’offre devrait rester surabondante cette année du fait de la hausse de la production de l’Iran, a estimé l’Agence internationale de l’énergie.
«Le marché pétrolier est confronté à la perspective d’une troisième année consécutive où l’offre dépassera la demande de 1 mbj (million de barils par jour, NDLR)», a indiqué l’AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole publié mardi, avec «une tension énorme sur la capacité du système pétrolier à l’absorber efficacement».
Avec la levée samedi des sanctions économiques et financières qui frappaient l’Iran, à la suite de l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire, la production mondiale pourrait s’accroître d’environ 300 000 barils par jour d’ici à fin mars, selon l’agence énergétique basée à Paris.
L’Iran produit actuellement 2,8 millions de barils par jour et en exporte un peu plus d’un million, et le pays insiste sur le fait qu’il a la capacité d’augmenter sa production de 500 000 barils par jour.
Cette hausse contrebalancera largement la baisse de régime des producteurs non membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), comme les Etats-Unis: ils devraient pomper 600 000 barils de moins cette année, après une hausse de 1,4 mbj en 2015 et même 2,4 mbj en 2014.
«Alors que le rythme de la constitution des stocks se détendra au second semestre du fait de la baisse de production des pays non membres de l’Opep, à moins d’un changement, le marché pétrolier se noiera dans un surplus d’offre», a prévenu l’AIE.
Demande moins vigoureuse
Dans ce contexte, marqué aussi par une croissance de la demande moins forte que prévu, «les prix pourraient encore baisser», a-t-elle souligné. Les cours ont subi une chute vertigineuse depuis la mi-2014, qui s’est accentuée l’été dernier, et évoluent actuellement sous la barre des 30 dollars le baril, contre plus de 110 dollars il y a un an et demi.
Au total, la production mondiale de pétrole s’est accrue de 2,6 mbj en 2015 pour atteindre 96,31 mbj, après une hausse de 2,4 mbj l’année précédente, a détaillé le bras énergétique des pays développés de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Les pays de l’Opep, Arabie saoudite en tête, ont pompé quelque 32 mbj en moyenne l’an dernier, soit 1 mbj de plus sur un an. Les pays hors cartel ont eux écoulé 57,6 mbj, grâce notamment à «une production américaine obstinément robuste» malgré la chute de près de 70% du nombre de puits d’extraction en activité.
La consommation de pétrole s’est également inscrite en hausse, mais à un rythme moins soutenu (+1,7 mbj), s’établissant à 94,5 mbj l’an dernier, contre 92,8 mbj en 2014.
La croissance de la demande a fortement ralenti au quatrième trimestre, en raison d’un début d’hiver clément dans l’hémisphère nord et de perspectives économiques plus sombres en Chine, au Brésil, en Russie et dans d’autres économies très dépendantes des cours des matières premières.
En 2016, la hausse de la demande sera un peu moins forte que prévu, du fait aussi d’un renchérissement du dollar, selon l’AIE. Celle-ci a révisé en légère baisse sa prévision, à 95,7 mbj, contre 95,8 mbj précédemment.
Le Fonds monétaire international (FMI), qui a abaissé mardi ses prévisions de croissance pour cette année et la suivante, a estimé que les effets positifs de la chute de l’or noir s’atténuaient à mesure qu’augmentaient les pertes des pays producteurs et que fondaient les investissements dans l’exploration et la production de pétrole et de gaz.
AFP/M.R.