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Les marchés toujours lestés par le pétrole et la Chine


Mouvements de la Bourse de Tokyo, le 15 janvier 2016. (Photo : AFP)

Les marchés continuaient à broyer du noir vendredi, une nouvelle fois déprimés par la chute du pétrole qui semble vouloir s’installer sous les 30 dollars et la volatilité des places boursières chinoises.

Les Bourses européennes reculent, «le pétrole et la Chine n’offrant pas de répit», souligne Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets. Vers 12H20 (11H20 GMT), Paris perdait 1,51%, Francfort 1,24% et Londres 1,43%.

Le moral des investisseurs reste en berne, après un début d’année calamiteux, alors que la séance de jeudi a laissé des traces, marquée notamment par la débâcle du secteur automobile et l’effondrement de Renault en raison d’interrogations sur les moteurs diesel.

Le secteur automobile européen était d’ailleurs encore sous pression, à Paris et à Francfort, signe que les investisseurs ont encore des doutes malgré les messages rassurants du gouvernement français.

Mais surtout, les prix du pétrole s’enfonçaient sous le seuil des 30 dollars le baril, dans un marché dont le retour annoncé du pétrole iranien renforce les inquiétudes quant à la surabondance d’offre.

«Le secteur de l’énergie a connu sa pire semaine de repli depuis juin 2011 alors que le retour imminent des barils iraniens et le temps doux aux États-Unis ont entraîné une forte baisse du pétrole brut et du gaz naturel», commentait Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

La glissade du pétrole avait des conséquences sur nombre de pays émergents, comme la Russie, dont la Bourse perdait 4%.

L’euro a en outre dépassé vendredi le seuil des 84 roubles pour la première fois en plus d’un an, la monnaie russe étant plombée par la chute des cours du pétrole qui assombrit les perspectives économiques de la Russie.

Plusieurs Bourses du Moyen-Orient sont pour leur part particulièrement affectées depuis le début de l’année, avec des plongeon de 17% au Nigeria, de 12% au Qatar et aux Emirats Arabes Unis.

Croissance chinoise

La Chine, qui avait été un peu mise de côté par les marchés ces derniers jours à la faveur d’une accalmie, se rappelait également au bon souvenir des investisseurs, avec une chute des places boursières.

La Bourse de Shanghai a perdu 3,55% et celle de Shenzhen 3,40%, victimes à nouveau des inquiétudes concernant la croissance chinoise avant la publication la semaine prochaine des chiffres du PIB 2015. La Bourse de Hong Kong a également clôturé en baisse, de 1,50%.

Les chiffres officiels de la croissance seront publiés mardi. La Chine a enregistré en 2014 une croissance de 7,3%, soit son taux le plus bas en 24 ans. Sa croissance avait atteint lors du troisième trimestre de l’an passé les 6,9%, sa plus faible performance depuis six ans et les débuts de la crise financière.

Dans ce contexte particulièrement incertain, les marchés vont attendre des réponses des banques centrales, alors que la Banque centrale européenne (BCE) se réunit jeudi prochain.

«La baisse des cours des matières premières, les craintes sur la croissance mondiale et le recul des devises des pays émergents alimentent les pressions déflationnistes pour les pays développés», expliquent les stratégistes chez Crédit Mutuel-CIC.

«Dans ce contexte, les banques centrales ont commencé à adopter un ton nettement plus prudent», selon eux.

La Banque d’Angleterre (BoE) a, comme attendu, laissé inchangé jeudi son taux directeur à 0,50%, seul un de ses membres votant de nouveau pour une hausse, dans un contexte économique mondial terne.

Les membres de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a enclenché fin 2015 un cycle de remontée des taux, commencent également à s’inquiéter de la situation économique mondiale.

Selon Crédit Mutuel-CIC, «cest un 4ème président de Fed, en la personne de James Bullard, qui s’est inquiété des conséquences de la dégradation du contexte économique sur la stratégie de la Fed. Selon ses propos, la chute des anticipations d’inflation pourrait obliger la banque centrale à réduire le nombre de hausses de taux directeurs pour 2016».

Ce discours avait un impact sur le dollar qui perdait du terrain face à l’euro, ce dernier valant 1,0905 dollar contre 1,0865 dollar jeudi vers 22H00 GMT.

AFP/M.R.