Les Bourses mondiales ont fortement reculé lundi, prises de panique sur l’évolution de l’économie américaine et face au dénouement de positions sur le yen, les investisseurs se montrant très méfiants en plein été, une période traditionnellement propice à la prudence.
Les marchés ont pris connaissance de « toute une batterie d’indicateurs extrêmement mauvais et qui ont surpris » négativement aux Etats-Unis, commente Aurélien Buffault, gérant obligataire chez Delubac AM, en citant notamment les données sur le marché de l’emploi américain de juillet. Le taux de chômage en juillet aux Etats-Unis a notamment augmenté à 4,3%.
Selon Aurélien Buffaut, ces chiffres, moins bons qu’attendu, ont provoqué « un changement d’état d’esprit un peu brutal » sur les marchés qui craignent désormais de voir la première économie mondiale tomber en récession. En Europe, Paris a perdu à la clôture 1,42%, Londres 2,04%, Francfort 1,82%, Milan 2,27%. L’indice paneuropéen Stoxx 600 a chuté de 2,17%.
Les trois principaux indices de Wall Street ont brutalement reculé: le Nasdaq, désormais en zone de correction, a dégringolé de 3,43%, emporté par le repli des géants technologiques américains. L’indice élargi S&P 500 est tombé de 3% et le Dow Jones, pour sa pire séance depuis 2022, a plié de 2,60%.
Pire baisse du yen de son histoire
Plus tôt en Asie, l’indice Nikkei de Tokyo a plongé de 12,4%, la pire baisse en points de son histoire. Le resserrement monétaire de la Banque du Japon et la hausse du yen se sont ajoutés aux craintes de récession aux Etats-Unis et ont fait chuter la Bourse de Tokyo. Mais ce mouvement de forte baisse des actions est « amplifié par la saisonnalité », assure Aurélien Buffault qui explique que le mois d’août est traditionnellement négatif pour les places financières car les investisseurs évitent toute prise de risque.
Quant au marché obligataire, il se stabilisait après une dégringolade des taux d’intérêt à court et long terme. Le taux d’intérêt des emprunts des Etats-Unis à deux ans s’établissait à 3,90 % vers 20h30 GMT, contre 3,88 % à la clôture de vendredi. Il avait fortement reculé face à l’idée que « la Réserve fédérale pourrait avoir retardé trop longtemps les baisses de taux d’intérêt », selon Mark Haefele, directeur des investissements chez UBS Global Wealth, et soit désormais contrainte d’assouplir sa politique monétaire plus vite que prévu.
Ce taux à deux ans est même brièvement passé sous le niveau du taux d’intérêt des emprunts à échéance dix ans pour la première fois depuis juillet 2022, signe que les investisseurs attendent des mesures d’urgence de la part de la banque centrale américaine. Le rendement à dix ans revenait stable à 3,78%.
Le yen décolle
Austan Goolsbee, le président de la Réserve fédérale de Chicago, a déclaré à CNBC lundi que les données sur l’emploi étaient « plus faibles qu’attendu mais ne ressemblent pas pour le moment à une récession ». Et l’activité dans les services aux Etats-Unis est repartie en croissance au mois de juillet, selon un indicateur publié lundi.
Le pétrole aussi était pénalisé par les craintes de récession: le prix du baril de Brent de la mer du Nord a cédé 0,66% à 76,30 dollars, après avoir touché un plus bas depuis début janvier.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) a perdu 0,78% à 72,94 dollars, peu après avoir dégringolé jusqu’à un plus bas en six mois.
A contre-courant, le yen affichait une envolée spectaculaire, profitant de son statut de valeur refuge. La devise nippone décollait de 1,73% face au dollar, à 144,04 yens pour un dollar, et de 1,32% face à l’euro, à 157,82 yens pour un euro vers 20h35 GMT. Autres valeurs refuge, le franc suisse prenait 0,78% à 1,1741 dollar pour un franc. A l’inverse, le bitcoin, considéré comme un actif risqué, se repliait de 9% à 53.820 dollars.
Le secteur technologique en rouge
Les valeurs technologiques, chèrement valorisées, flanchaient face à l’environnement macroéconomique, et à des doutes sur les perspectives de croissance du secteur.
Au sein de l’indice S&P 500, le secteur des technologies de l’information est celui qui s’est affaissé le plus: -3,78%.
A New York, les « Sept Magnifiques » ont terminé dans le rouge. Nvidia a chuté de 6,36%, Tesla a abandonné 4,23%, Aphabet 4,61%, Apple 4,82%, Amazon 4,10%, Meta 2,54% et Microsoft 3,27%.