Les marchés mondiaux sont restés hésitants vendredi à la clôture des bourses au terme d’une semaine fluctuante, peinant à s’accrocher à l’espoir suscité par la mobilisation massive des banques centrales et des gouvernements pour contrer les effets du coronavirus.
Les Bourses européennes ont bien poursuivi leur rebond de la veille: Paris est monté de 5,01% et Francfort de 3,70%. La progression a été moins forte à Londres (+0,76%), à Milan (+1,71%) et à Madrid (+0,74%). De leur côté, les taux d’emprunt des pays européens ont connu une détente généralisée.
En revanche, Wall Street a de nouveau fini dans le rouge, achevant sa pire semaine depuis la crise financière de 2008. Le Dow Jones a perdu 4,55% vendredi, le Nasdaq 3,79% et le S&P 500 4,34%. De même, en dépit d’un démarrage positif, l’Asie n’a pas réussi à maintenir le cap, Tokyo en particulier, lesté par la déroute historique de Softbank.
Premiers signes de stabilisation?
« Il y a quelques bourgeons aujourd’hui », estime toutefois Alain Zeitouni, directeur des gestions pour Russell Investments France, basé à Londres. A commencer par la baisse de la volatilité. « Hier, l’indice S&P 500 a connu une variation inférieure à 1% pour la première fois en 13 séances. Cela pourrait être le début d’un signe de stabilisation », détaille-t-il.
Les investisseurs ont assisté à un déluge d’annonces monétaires et budgétaires supplémentaires pour tenter d’éviter le pire des scénarios alors que les premiers impacts de l’épidémie sont déjà visibles. Avec pour conséquence directe de voir les déficits publics s’accroître, avec des dépenses ciblées pour soutenir les entreprises ou encore des dépenses de santé.
Quel impact aux Etats-Unis?
Alors que le pic semble désormais avoir été atteint en Chine, c’est au tour de l’Europe d’être la proie du Covid-19 qui y a fait plus de 5.000 morts, soit la moitié des décès dans le monde. Les marchés font face à un tableau économique peu réjouissant mais espèrent que les centaines de milliards promis par les banques centrales et les gouvernements porteront leurs fruits. Le fait que le président américain Donald Trump vante jeudi le recours à la chloroquine, un antipaludéen, comme possible traitement pour le coronavirus, après des résultats encourageants en Chine et en France, leur a offert également un soutien.
Pour l’heure, ils continuent de suivre les redoublements d’efforts de confinement et guettent particulièrement tout signe de détérioration aux Etats-Unis, où le gouverneur de Californie a décidé de placer en confinement la totalité de ses quelque 40 millions d’habitants et celui de New York a annoncé des mesures similaires. « Alors que les cas de coronavirus se multiplient aux États-Unis et de plus en plus de firmes abaissent très fortement leurs estimations de croissance pour la première économie mondiale », souligne John Plassard chez Mirabaud.
L’offre et la demande sont brisées
Certains experts redoutent que la crise économique résultant de la pandémie soit pire que celle des « subprimes » de 2008. Si des poids lourds, comme Apple, disposent de trésoreries conséquentes, d’autres ne peuvent tenir que quelques mois sans rentrée d’argent du fait des confinements. Pour éviter une crise de liquidités financières, plusieurs banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne, la Banque du Japon et celle d’Angleterre, ont annoncé vendredi une action coordonnée pour faciliter l’accès à des dollars.
« Nous avions déjà des taux (d’intérêts) proches de zéro (…) le problème n’est pas la liquidité » et les politiques de relance risquent de ne pas fonctionner parce qu' »à la fois l’offre et la demande sont brisées », Ian Goldin, un économiste de l’université d’Oxford qui avertissait dès 2015 sur les risques systémiques d’une pandémie. L’urgence, préconise-t-il, est de donner un revenu de base à tous ceux qui ont « des revenus faibles ou pas de couverture médicale » et qui, s’ils sont infectés par la coronavirus, voudront continuer à travailler au risque de contaminer les autres.
Le pétrole poursuit sa chute
Sur le marché des changes, l’euro se repartait à la hausse face au dollar (+0,26% à 1,0694 dollar) après être tombé jeudi à son plus bas niveau en trois ans face à la monnaie américaine en perte de vitesse, après sa flambée des derniers jours.
Les cours du brut, fortement fragilisés par la crise, ont sombré vendredi en fin de journée. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a perdu un peu plus de 5% à 26,98 dollars et le baril américain de WTI pour avril, dont c’était le dernier jour de cotation, a chuté d’environ 11% à 22,53 dollars. Sur la semaine, il a abandonné près de 30%.
LQ / AFP