Plusieurs grandes banques américaines, inquiètes des conséquences de la pandémie sur la santé financière de leurs clients, ont mis des milliards de dollars de côté pour faire face aux impayés même si certaines ont bien profité de l’envolée de leurs activités sur les marchés.
La plus grande d’entre elles, JPMorgan Chase, a ainsi gonflé ses provisions de 8,9 milliards de dollars au deuxième trimestre car l’établissement s’attend à une reprise économique au deuxième semestre « plus longue que prévue » initialement, a indiqué sa directrice financière Jennifer Piepszak. La situation s’est certes améliorée en mai et juin, eu fur et à mesure que les autorités levaient les restrictions les plus strictes. Mais il s’agissait des « mois faciles », soutenus par les aides financières du gouvernement versés aussi bien aux entreprises qu’aux particuliers, a estimé la responsable lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes. Les mois à venir « vont être beaucoup plus difficiles », a-t-elle ajouté.
Même son de cloche pour Charlie Scharf, le directeur général de Wells Fargo qui a mis de côté 8,4 milliards de dollars supplémentaires pour se protéger des éventuels défauts de paiement. « Nous pensons que la durée et la sévérité de la crise économique ont considérablement augmenté par rapport à ce que nous avions prévu le trimestre précédant », a-t-il commenté dans un communiqué. Citigroup, la troisième grande banque américaine à dévoiler ses résultats trimestriels mardi, a pour sa part provisionné 5,6 milliards de dollars de plus.
Au total, les réserves mises de côté par les trois banques pour se préparer à une vague d’impayés et de faillites atteignent 28 milliards de dollars. Les mesures imposées pendant le trimestre pour enrayer la propagation du Covid-19 ont pesé aussi bien sur les finances de certains ménages, le taux de chômage bondissant à près de 15% en avril, que sur la trésorerie de nombreuses sociétés.
Chiffres d’affaires record
Alors que plusieurs États comme la Californie viennent de réimposer une forme de confinement face à la remontée des cas de Covid-19, beaucoup s’interrogent sur la capacité de l’économie à rebondir franchement. Les revenus des activités de banque de détails des trois banques ont, sans surprise dans ce contexte, reculé au deuxième trimestre. Mais JPMorgan Chase et Citigroup ont pu compter sur leurs activités de banque d’investissement et de courtage pour atténuer l’impact de l’envolée des provisions.
Portées par la forte volatilité ayant secoué les marchés financiers depuis le début de l’année et par les énormes sommes d’argent injectées par la banque centrale américaine pour garantir leur stabilité, les revenus tirés des activités spéculatives se sont notamment envolés de 79% chez JPMorgan Chase, tandis le chiffre d’affaires généré par Citigroup sur les marchés obligataires a bondi de 68%. Résultat : JPMorgan Chase a dégagé un chiffre d’affaires record au deuxième trimestre, en hausse de 15% à 33,8 milliards de dollars, tandis que Citigroup a vu le sien augmenter de 5% à 19,8 milliards de dollars.
Leurs bénéfices ont fortement diminué, de 51% chez JPMorgan Chase à 4,7 milliards de dollars et de 73% à 1,3 milliard de dollars chez Citigroup. Mais ils sont meilleurs que prévu par les analystes. Wells Fargo, qui ne dispose pas d’activités de courtage ou de banque d’investissement aussi développées que ses rivales, a pour sa part enregistré une perte nette de 2,4 milliards de dollars. Par action, sa perte est plus de trois fois supérieure aux attentes des marchés. La banque, pour préserver ses liquidités, a décidé de réduire à 10 cents par action son dividende au troisième trimestre. À Wall Street, l’action de JPMorgan Chase s’appréciait de 0,73% peu après l’ouverture tandis que celle de Citigroup perdait 0,96% et celles de Wells Fargo 7,04%.
AFP/LQ