Pour les deux plus grands producteurs du pays (Vinsmoselle et Bernard-Massard), l’export est une aubaine puisqu’il apparaît ces dernières années que le marché national commence à saturer, y compris sur le crémant et les vins mousseux.
La coopérative Vinsmoselle, par exemple, vient tout juste de signer un contrat avec un nouvel importateur américain, Ansay International, basé à Miami (Floride). «Nous l’avons rencontré lors du Prowein à Düsseldorf (NDLR : le plus grand salon du vin au monde) et il a été séduit, explique Patrick Berg. Il veut tester le marché à la fois sur la côte Est et sur la côte Ouest et nous a commandé 22 000 bouteilles de crémant brut. Ce n’est qu’un début et nous espérons que cela va marcher !»
Vinsmoselle est déjà distribué aux États-Unis, essentiellement au Wisconsin, où un importateur d’ascendance luxembourgeoise à la troisième génération s’est pris de distribuer des produits grand-ducaux. Bière (Bofferding), cidre (Ramborn), vins (Vinsmoselle) et moutarde traversent ainsi l’océan régulièrement.
De son côté, Bernard Massard est déjà présent en Belgique, bien sûr, mais aussi en Finlande ou au Canada, par exemple. Dans le hall de stockage où sont entreposées les palettes prêtes à être expédiées, certaines allaient s’envoler pour l’Estonie – «nous y sommes présents depuis quelque temps déjà» –, mais aussi pour la Russie.
«C’est un renouveau, précise Antoine Clasen, directeur général de la maison. Nous y étions jusqu’à la crise du rouble (NDLR : à partir de 2014) où, du jour au lendemain, toutes les commandes ont cessé. Notre importateur vient de nous contacter à nouveau pour 15 000 bouteilles de Cuvée de l’Écusson, avec l’idée de doubler la quantité l’année prochaine, puis encore la suivante. Ce serait une excellente nouvelle !»
30 euros la bouteille aux États-Unis
Parvenir à faire voyager des bouteilles luxembourgeoises est une gageure tant la concurrence internationale propose des flacons à prix cassés. «Nous n’avons pas le choix : nous devons nous placer dans la catégorie premium», assure le directeur de Vinsmoselle, Patrick Berg.
Plus chers que les cava espagnols et les prosecco italiens, les luxembourgeois n’ont d’autre choix que de se situer juste en dessous des champagnes et la bonne nouvelle, c’est que les importateurs y croient. Et pourtant, les prix de vente sur place n’ont rien à voir avec ceux pratiqués ici. «Aux États-Unis, il faut impérativement passer par un importateur, puis un distributeur avant de trouver la bouteille en vente aux clients. Les marges sont donc énormes et imposent de vendre le crémant autour de 30 euros», précise le directeur de la coopérative.
Antoine Clasen assure lui aussi que les flacons qui vont partir dans quelques jours à Moscou n’ont en aucun cas été bradés : «Mon intérêt n’est pas de vendre un maximum de bouteilles, mais de gagner de l’argent!, sourit-il. Le prix auquel elles sont vendues est celui que j’ai demandé.»
Erwan Nonet