Un vent de panique a gagné les places boursières mondiales jeudi, après un mercredi noir à Wall Street causé, selon le président américain Donald Trump, par la politique de relèvement des taux menée par la banque centrale américaine (Fed).
Les marchés sont « menacés », analyse Stephen Innes, responsable des échanges Asie-Pacifique chez OANDA, pour qui « les paris sont ouverts » sur la suite du scenario. « Si nous parlons de voir la fin du tunnel, je ne le pense pas », a dit à l’agence Bloomberg Louis Tse, directeur général à Hong Kong de VC Asset Managment Ltd. La Bourse de Hong Kong a clôturé jeudi en baisse de 3,54%, Tokyo de 3,89%, tandis que Shanghai a plongé de plus de 5% et celle de Shenzhen de 6,45%.
Le recul était moins fort, mais toutefois marqué en Europe : Paris perdait 1,43% vers 09h25 GMT, Londres 1,72% et Francfort 1,24%.
Les investisseurs s’inquiètent notamment du durcissement de la politique de la Fed, engagée dans un processus de hausse des taux d’intérêt après avoir abreuvé les marchés de liquidités pendant des années. « La perspective de taux d’intérêt plus élevés inquiète les investisseurs étant donné qu’elle signifie des coûts d’emprunt plus élevés pour les entreprises et les particuliers », a précisé David Madden, un analyste de CMC Markets.
Les rendements obligataires américains sont soudainement remontés la semaine dernière, après des propos du président de la Fed Jérôme Powell, qui a laissé entendre que l’institution allait encore durcir sa politique monétaire pour éviter toute surchauffe de l’économie américaine, particulièrement dynamique.
Le président américain Donald Trump qui, depuis cet été, n’hésite pas à dire haut et fort sa désapprobation, a estimé mercredi soir que la Fed était « tombée sur la tête », l’accusant d’être à l’origine de la dégringolade de Wall Street mercredi. L’indice Dow Jones était tombé mercredi à son plus bas niveau depuis février, chutant de 3,15%, alors qu’il avait atteint un sommet historique il y a huit jours. Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a quant à lui accusé son plus fort recul depuis plus de deux ans, perdant 4,08%. « La plongée à Wall Street met les marchés boursiers du monde entier sous pression », a commenté Milan Cutkovic, analyste chez AxiTrader.
Guerre commerciale et budget italien aussi en cause
Tentant de calmer le jeu après la charge de Donald Trump, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a dit depuis Bali, où il participe aux assemblées annuelles du FMI et de la Banque Mondiale : « Je ne pense pas qu’il y ait eu des nouvelles de la Fed aujourd’hui qui n’aient pas été connues avant (…) Les marchés montent et descendent ». Pour la directrice du FMI Christine Lagarde, de tels relèvements de taux « sont un développement nécessaire » et « inévitable » pour les économies comme les États-Unis enregistrant une croissance robuste, une inflation accrue et un chômage « extrêmement bas ».
Les analystes mettent également en avant d’autres sources d’inquiétude pour expliquer la chute des bourses mondiales. « C’est un cumul de raisons : la chute à Wall Street, le bond des taux d’intérêt à long terme, des inquiétudes renouvelées sur les relations commerciales entre la Chine et les États-Unis et une attitude prudente en amont des annonces de résultats d’entreprises », a expliqué à l’agence Bloomberg Juichi Wako, de Nomura Securities à Tokyo.
Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis continuent d’alimenter les craintes, pour « leur impact sur la croissance chinoise », ont estimé les analystes du courtier Aurel BGC. Les investisseurs « jugent que le secteur technologique serait le principal touché par un ralentissement plus marqué de l’activité chinoise », ont-ils complété.
Le projet de budget italien, qui prévoit un bond du déficit du pays, pourrait également affecter les places boursières européennes.
LQ/AFP