Les faillites de Silicon Valley Bank (SVB) et Signature Bank n’ont pas fait trembler les grandes banques américaines.
Quatre des plus grandes banques américaines ont dévoilé vendredi des résultats confortables pour le premier trimestre grâce notamment à la hausse des taux d’intérêt, semblant avoir été à peine touchées par les remous ayant ébranlé il y a à peine un mois le monde de la finance. Elles restent sur leurs gardes, JPMorgan Chase mettant par exemple 1,1 milliard de dollars supplémentaires de côté pour parer aux éventuels impayés de ses clients en raison de la détérioration «des perspectives économiques». Et certaines préviennent que les banques pourraient prêter un peu moins aux particuliers et entreprises.
Mais l’économie américaine «continue à bien se porter dans son ensemble», a avancé Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan. «Les consommateurs continuent de dépenser et ont des bilans solides, et les entreprises sont en bonne santé», assure-t-il. «On va finir par avoir une récession mais peut-être un peu plus tard que prévu.» Les banques ayant dévoilé leurs résultats vendredi, JPMorgan mais aussi Citigroup, Wells Fargo et PNC, ont surtout profité de la vive hausse des taux d’intérêt engagée depuis un an par la Banque centrale américaine pour lutter contre l’inflation. Cela fait grimper leurs revenus nets d’intérêts, soit la différence entre les intérêts qu’elles gagnent sur les prêts consentis à ses clients et les intérêts qu’elles versent aux épargnants et autres créanciers.
Danger sur les banques régionales
Elles ont aussi accueilli de nouveaux clients préférant placer leur argent auprès d’établissements considérés comme trop importants pour faire faillite plutôt que dans des banques de taille plus modeste, après les faillites de Silicon Valley Bank (SVB) et Signature Bank. Malgré les retraits effectués par des clients souhaitant placer leur argent sur des produits financiers plus rémunérateurs qu’un simple compte courant, les dépôts ont légèrement progressé sur le trimestre par rapport à fin 2022 chez JPMorgan et PNC. Ils ont reculé de seulement 3 % chez Citi et 2 % chez Wells Fargo.
«Nous avons eu une période difficile en mars», a reconnu le directeur financier de JPMorgan, Jeremy Barnum, lors d’une conférence téléphonique. Mais «le système dans son ensemble est en très bonne santé», a-t-il affirmé. Son homologue chez Citigroup, Mark Mason, a exprimé un sentiment similaire. «Nous sommes dans une situation et une santé bien différente» de celle de la crise financière de 2008, a-t-il assuré. Les grandes banques ont réussi «en très peu de temps» à réunir 30 milliards de dollars pour venir en aide à First Republic mi-mars, «ce qui démontre bien notre solidité en termes de capital et de bilans», a-t-il relevé. Le patron de JPMorgan comme le directeur financier de Citi n’écartent pas toutefois pas la possibilité qu’une poignée de banques régionales fassent encore faillite.
Record pour JPMorgan
Le chiffre d’affaires de JPMorgan, la plus grande banque américaine par la taille des actifs, a grimpé de 25 % à un record au premier trimestre. Celui de Citigroup, la 3e banque américaine, a augmenté de 12 % «en dépit de l’environnement tumultueux pour les banques», a souligné sa patronne, Jane Fraser. JPMorgan a vu son bénéfice net bondir de 52 % à 12,6 milliards de dollars. Celui de Wells Fargo a augmenté de 34 % à 4,7 milliards de dollars, celui de Citigroup de 7 % à 4,6 milliards et celui de PNC de 18 % à 1,6 milliard.
Ces résultats étaient plutôt bien accueillis à Wall Street où, à la mi-séance, JPMorgan prenait 7 %, Citigroup 2,8 % et Wells Fargo 0,1 %. PNC reculait en revanche de 2 %. Les banques restent à l’affût. Après les soubresauts du secteur bancaire en mars, «les conditions financières vont probablement se resserrer, les prêteurs devenant plus prudents, et nous ne savons pas si cela ralentira les dépenses de consommation», a relevé Jamie Dimon. Pour faire face aux risques d’impayés, notamment du côté des prêts dans le secteur de l’immobilier commercial ou sur les cartes de crédit, Wells Fargo a mis de côté 643 millions de dollars supplémentaires et Citigroup 241 millions.