Le FMI a dévoilé lundi, devant l’élite économique mondiale réunie à Davos, le tableau d’une croissance mondiale encore solide mais qui ralentit plus que prévu, contrariée par les tensions commerciales et les risques politiques, tels le Brexit au Royaume-Uni et la fronde sociale en France.
C’est dans la station de ski huppée des Alpes suisses que le FMI a annoncé qu’il abaissait, pour la deuxième fois en quelques mois, le rythme d’expansion désormais estimé à 3,5% (-0,2 point) pour cette année après 3,7% en 2018. La prévision pour 2020 est également moins bonne à 3,6% (-0,1 point). Les projections 2019 pour les deux premières économies – États-Unis (+2,5%) et Chine (+6,2%) – sont, elles, restées inchangées après avoir été abaissées en octobre.
Le FMI a pris acte d’une trêve commerciale annoncée le 1er décembre par le président Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping. « Mais la possibilité que les tensions refassent surface au printemps assombrit les perspectives de l’économie mondiale », a commenté le FMI. Washington et Pékin, qui se sont infligé mutuellement l’année dernière des taxes douanières punitives sur des centaines de milliards de dollars de marchandises, se sont en effet donné jusqu’au 1er mars pour tenter de nouer un accord commercial qui verrait le géant asiatique abandonner des pratiques commerciales que l’administration Trump juge « déloyales ».
Leurs velléités protectionnistes ne sont pas restées sans effet sur le volume des échanges de biens et services à travers le monde dont la hausse, qui était de 5,3% en 2017, est tombée à 4% l’an passé. Le FMI prévoit une hausse inchangée de 4% en 2019 et 2020.
Pour la zone euro, le FMI se montre nettement moins optimiste avec une projection de croissance de 1,6% contre 1,9% précédemment. Et dans cette zone, l’Allemagne subit la plus forte révision en baisse (-0,6 point à 1,3%), suivie de l’Italie (-0,4 point à 0,6%) et de la France (-0,1 point à 1,5%). L’économie allemande pâtit actuellement d’une faible production industrielle dans son important secteur automobile en raison de l’introduction de nouvelles normes environnementales. Elle souffre aussi d’un ralentissement de la demande.
Trump, grand absent de Davos
L’Italie subit une faible consommation intérieure combinée à des coûts d’emprunt plus élevés tandis que la France fait les frais de « l’impact négatif des protestations » sociales, souligne le Fonds en référence au mouvement des « gilets jaunes » qui dure depuis plus de deux mois. La contestation sociale a poussé le président français Emmanuel Macron, l’un des chouchous de Davos l’an dernier, à ne pas refaire le voyage cette année. Son absence est officiellement justifiée par un agenda « surchargé ».
Ailleurs en Europe, le FMI s’inquiète de la grande incertitude au Royaume-Uni en raison des difficultés à orchestrer la sortie de l’UE. Les députés britanniques ont rejeté la semaine dernière l’accord sur le Brexit que la Première ministre Theresa May avait eu tant de mal à négocier avec l’Union européenne. Le FMI souligne néanmoins ne pas avoir abaissé un peu plus la prévision de croissance pour le pays à la faveur de mesures pour stimuler l’économie, « annoncées dans le budget 2019 ».
Aux États-Unis, la fermeture partielle des administrations fédérales (shutdown) depuis plus d’un mois – un record historique – commence à peser sur l’activité. Mais le shutdown ne devrait toutefois pas entamer fondamentalement la solidité actuelle de l’économie qui devrait bénéficier d’un effet de rattrapage observé lors des précédents blocages. C’est néanmoins ce même shutdown qui a contraint le président américain, vedette de l’édition 2018, à renoncer à venir se mêler aux quelque 3 000 PDG et responsables politiques attendus à Davos.
Le président populiste et climato-sceptique du Brésil, Jair Bolsonaro, va, lui, être sous les projecteurs. Il entend promouvoir « un Brésil différent, libre de toute attache idéologique et de la corruption généralisée ». Il pourra se targuer d’une prévision de croissance meilleure que prévue (+2,5%, +0,1 point) qui ne reflètera pas la tendance de l’ensemble de la région Amérique latine et Caraïbes pour laquelle l’institution de Washington ne prévoit plus que +2% (-0,2 point).
LQ/AFP