La réouverture progressive des commerces et restaurants aux États-Unis, que Donald Trump voudrait bien voir s’accélérer, améliore doucement la situation de la première économie mondiale.
Pour autant, les nouvelles demandes de chômage restent très élevées et le rebond n’est pas encore là. Le nombre de nouveaux chômeurs a continué sa lente décrue la semaine dernière avec 2,4 millions de personnes ayant pointé au chômage pour la première fois. C’est loin du record historique de 6,8 millions enregistré fin mars. Mais c’est « plus de 10 fois supérieur au niveau qui prévalait avant la pandémie », ont souligné les analystes d’Oxford Economics. Et au total, depuis l’arrêt brutal de l’économie mi-mars, 38,6 millions de personnes ont demandé une allocation chômage.
Le nombre total de personnes indemnisées continue également de grimper à des niveaux inédits : plus de 25 millions d’Américains perçoivent désormais le chômage contre environ 1,7 million avant la pandémie. La différence entre le nombre de personnes indemnisées et les demandes d’allocations chômage s’explique par le refus de certaines requêtes combiné au fait que certaines personnes ont retrouvé un emploi.
Le programme de prêts aux petites et moyennes entreprises, prévu par le plan de relance de l’économie américaine, doit permettre de payer les salaires et donc de réembaucher. Le Congrès a déployé de vastes plans d’aide pour soutenir l’économie, les entreprises et les ménages. De son côté, la Banque centrale américaine a mis au point un arsenal d’outils pour éviter le manque de liquidité. Mais elle estime que des mesures supplémentaires seront nécessaires.
« La pandémie a mis un grand point d’interrogation sur la tendance positive » de l’économie dans l’État de New York, et, plus largement, dans le pays, a estimé jeudi le président de la Réserve fédérale (Fed) de New York, John Williams, qui s’exprimait lors d’une conférence vidéo. Il a rappelé l’importance de la politique budgétaire. En d’autres termes, l’administration Trump peut faire ce que la politique monétaire ne peut pas : « assurer la réponse de santé publique et transférer les revenus aux personnes les plus touchées par l’épidémie », a-t-il ajouté.
Le PIB pourrait chuter de 20 ou 30 %
Pour l’heure, malgré les mises en garde d’experts sur le risque d’une nouvelle vague de contaminations par le coronavirus, l’administration Trump mise sur la réouverture de l’économie plutôt que sur de nouvelles aides coûteuses pour les finances publiques. Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a lui-même estimé qu’il fallait mettre fin aux mesures de confinement pour éviter des « dommages durables » sur l’économie.
Plusieurs États américains, comme le Texas ou la Géorgie, ont ainsi permis aux entreprises de commencer à reprendre une activité souvent réduite. Les premiers effets de ce redémarrage se traduisent dans les chiffres. Ainsi, l’activité manufacturière de la région de Philadelphie (nord-est des États-Unis), un des plus grands centres industriels du pays, s’est légèrement améliorée en mai, après le plus faible mois d’avril en 40 ans, selon l’indice de la Fed, également publié jeudi.
Plus de 25 % des entreprises ont enregistré une augmentation de leurs nouvelles commandes, mais aucune en avril. En outre, près de 9 % des entreprises ont déclaré augmenter le nombre d’emplois et aucune le mois dernier. Par conséquent, les entreprises sondées se sont montrées majoritairement optimistes pour l’avenir : plus de 62 % des entreprises prévoient une augmentation de leur activité au cours des six prochains mois contre une minorité (13 %) s’attendant à des baisses.
En attendant le rebond, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a évoqué un pic probable du chômage à 20 ou 25 % contre 14,7 % en avril. En février, avant la propagation du virus aux États-Unis, il était à 3,5 %, son plus bas niveau en 50 ans. Le PIB pourrait, lui, chuter de 20 ou 30 % au deuxième trimestre, après avoir reculé de 4,8 % sur les trois premiers mois de l’année.
Plus de 1,5 million de personnes ont contracté le Covid-19 aux États-Unis, dont plus de 93 000 sont décédées, selon le comptage de l’université Johns Hopkins qui fait référence.
AFP/LQ