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L’économie américaine en mode turbo


Le chômage aux USA affiche son taux le plus bas depuis 50 ans. (Photo / AFP)

Le marché du travail américain a continué d’afficher en novembre une santé insolente avec la création de 266.000 emplois et un taux de chômage historiquement bas, de quoi conforter Donald Trump à moins d’un an de l’élection présidentielle.

L’économie a été jusqu’à présent la carte maîtresse du président républicain qui fait actuellement l’objet d’une procédure de destitution pour avoir demandé à l’Ukraine d’enquêter sur le démocrate Joe Biden, bien placé pour l’affronter lors du scrutin de 2020. Et la composante emploi devrait jouer un rôle non négligeable dans la campagne électorale. Ce nombre de nouveaux postes est très largement supérieur aux projections des économistes (+182.000) et il faut remonter à janvier pour avoir un nombre supérieur (312.000), selon le rapport du ministère du Travail publiées vendredi. Ces données devraient en outre écarter un peu plus les inquiétudes d’une récession même si la croissance a ralenti depuis le début de l’année.

Le taux de chômage est, lui, tombé à 3,5% (-0,1 point), un plus bas en 50 ans. Le taux de participation a certes légèrement baissé (-0,1 point à 63,2%) mais c’est aussi que de nombreux employeurs continuent de souffrir du manque de main-d’oeuvre qualifiée. Le ministère américain a par ailleurs révisé en nette hausse (+41.000) le nombre de créations d’emplois pour septembre et octobre. En moyenne depuis le début de l’année, l’économie américaine a créé 180.000 emplois chaque mois contre 223.000 créations mensuelles en 2018. La grève de 40 jours chez le constructeur automobile de Detroit General Motors, la plus longue depuis les années 70, était en partie responsable de la hausse du taux de sans-emploi en octobre. En novembre, « l’emploi manufacturier s’est accru à mesure que les travailleurs du secteur automobile sont revenus » sur le marché du travail, constate ainsi le ministère. Ce secteur a ainsi créé 54.000 emplois en novembre, compensant la baisse de 43.000 enregistrée le mois précédent, a-t-il précisé. Parmi les secteurs qui ont fortement embauché en novembre: celui de la santé (+45.000) et celui des loisirs (+45.000). Les services techniques et professionnels ont, eux, enregistré un gain de 31.000.

Inquiétude d’une récession à court terme dissipée

L’évolution du salaire horaire moyen est en revanche inférieur aux attentes. Elle n’a en effet augmenté que de 0,2% quand les analystes projetaient +0,3%, restant donc au même niveau que le mois dernier. Sur douze mois, le salaire horaire moyen s’inscrit néanmoins en hausse de 3,1%, soit au-dessus de l’inflation qui s’est établie à 1,8% sur un an, ajoute le ministère du travail.  Ces chiffres solides de l’emploi montrent que, malgré le net coup de frein du secteur manufacturier depuis le début de l’année, l’activité de la première économie mondiale résiste mieux que ne l’anticipent nombre d’économistes. Malgré l’incertitude persistante en raison des frictions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, ils devraient aussi dissiper les inquiétudes d’une récession à court terme.

La croissance du Produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre a d’ailleurs été révisée en hausse fin novembre, largement alimentée par la consommation des ménages qui représente 70% de l’économie américaine. Pour autant, à 2,1%, elle s’affiche loin des promesses de l’hôte de la Maison Blanche de faire caracoler l’expansion à plus de 3% et ce, durablement. Le président de la Banque centrale américaine, Jerome Powell, ne voit pas pour le moment de retournement de conjoncture. Mi-novembre, il avait indiqué s’attendre à une « croissance durable » de l’économie du pays, un « emploi fort » et une inflation proche de 2%, même si le ralentissement mondial et les incertitudes liées à la guerre commerciale présentent un « risque persistant ». Les chiffres de l’emploi devraient enfin conduire le comité monétaire de l’institution à laisser les taux inchangés lors de leur prochaine réunion la semaine prochaine.

LQ / AFP