Le répit a été de courte durée : malgré les bouées de sauvetage des autorités suisses et américaines, le secteur bancaire rechute en Bourse vendredi, entraînant l’ensemble des marchés dans le rouge.
Comme lors de toute cette semaine, les inquiétudes se concentrent avant tout sur Credit Suisse en Europe, qui chute de près de 10%, et sur First Republic aux États-Unis, qui lâche 20%. L’indice des banques européennes perd 2%, creusant ses pertes à 11% sur la semaine.
La tendance a emporté les indices européens, qui avaient pourtant ouvert en hausse: vers 15 h, Paris reculait nettement de 1,11%, Francfort de 1,04%, Milan de 1,33%, Londres de 0,67%. Wall Street évoluait aussi en baisse de 0,48% sur l’indice Dow Jones, de 0,14% sur l’indice S&P, même si le Nasdaq, à forte coloration technologique prenait 0,30%.
Onze grandes banques américaines se sont engagées jeudi à voler à la rescousse de First Republic, en déposant 30 milliards de dollars au sein de cet établissement pour renforcer ses liquidités et éviter que la situation ne s’envenime après les faillites de Silicon Valley Bank, Signature Bank et Silvergate la semaine dernière. Cela lui avait apporté un bref répit en Bourse jeudi (+10%).
Un effort salué par la Réserve fédérale américaine (Fed), le Trésor et deux régulateurs financiers, alors que les investisseurs sont effrayés par un possible risque de contagion à d’autres établissements bancaires.
Les défaillances de banques outre-Atlantique ont ravivé le spectre de la crise financière de 2008, qui avait déstabilisé l’économie mondiale.
Injections de liquidités
Signe de tensions financières, les banques américaines auraient depuis emprunté un total de 164,8 milliards de dollars auprès de deux facilités de garantie de la Réserve fédérale américaine au cours de ces derniers jours, selon l’agence d’informations financières Bloomberg. Pas suffisant pour calmer réellement les investisseurs. Sur la semaine, First Republic chute de 66%, Credit Suisse de 25%.
Le géant bancaire suisse en difficulté a reçu le soutien de la banque centrale suisse pour renforcer ses liquidités. L’hypothèse d’un rachat a refait surface, selon des analystes, mais son rival UBS refuse pour l’heure d’y être impliqué, d’après l’agence Bloomberg.
La Banque centrale européenne (BCE) réunit de son côté vendredi son organe de surveillance des banques en zone euro pour un « échange de vues » sur le secteur bancaire après les turbulences des derniers jours. C’est la deuxième fois que cet organe est convoqué cette semaine pour une réunion « ad hoc », hors du calendrier habituel, compte tenu des développements rapides affectant le secteur bancaire. Le marché des emprunts d’États, dont la volatilité a été la plus forte enregistrée depuis la crise de 2008, restait agité avec des baisses notables des taux d’intérêt.
Toutes ces turbulences bancaires ont alimenté les spéculations selon lesquelles les banques centrales pourraient assouplir leur position à l’égard de l’inflation afin d’éviter une grave récession. Jeudi, la BCE a toutefois réaffirmé sa détermination à combattre l’inflation toujours élevée en relevant ses taux d’intérêt directeurs de 0,5 point de pourcentage supplémentaire, s’abstenant toutefois de statuer sur la suite du resserrement monétaire.
Les investisseurs vont de ce fait surveiller de près les prochains indicateurs économiques afin de se faire une idée sur le calendrier du futur resserrement monétaire de la Fed, qui tient sa réunion de politique monétaire la semaine prochaine.
De son côté, l’OCDE a relevé ce vendredi ses prévisions de croissance mondiale pour 2023 et 2024 grâce à une baisse de l’inflation et la réouverture de la Chine. Mais elle a évoqué plusieurs risques dont les difficultés rencontrées par certaines banques.