Le gouvernement britannique a dévoilé lundi ses projets post-Brexit pour le puissant secteur financier et s’est dit déterminé à agir « unilatéralement » sur sa réglementation si l’UE n’avance pas plus vite sur la question des équivalences.
« En l’absence de clarté de la part de l’Union européenne, nous agissons unilatéralement pour apporter de la certitude aux entreprises », a affirmé le chancelier de l’échiquier Rishi Sunak dans une allocution au Parlement.
Le Trésor britannique va ainsi « publier un document qui détaillera l’approche britannique en termes d’équivalences financières avec les autres pays », sur des points tels que les ventes à perte ou les normes comptables, a indiqué le ministère des Finances dans un communiqué.
Le Royaume-Uni fait ses propres propositions à moins de deux mois de la fin de la période de transition post-Brexit et alors que les négociations commerciales avec l’UE n’ont toujours pas abouti.
Le secteur financier britannique n’a eu de cesse de se décrire en oublié des négociations, qui se concentrent surtout sur le commerce de biens et la pêche.
Le chancelier a souligné lundi que, dans l’optique de maintenir l’attractivité de la place londonienne, il allait instituer un groupe de travail qui va proposer des réformes du système actuel de cotation pour des entreprises sur le marché boursier britannique afin d’attirer « les entreprises les plus innovantes et couronnées de succès ».
L’Union européenne craint de voir le Royaume-Uni relâcher ses normes de sûreté financière avec le Brexit.
« Le chancelier a pris des mesures importantes aujourd’hui pour aider l’économie britannique à se reconstruire mieux et plus ‘verte’ après la pandémie », a commenté dans un communiqué Catherine McGuinness, la cheffe politique du quartier des affaires londonien.
« Nous saluons sa vision pour maintenir la position du Royaume-Uni en tant que centre financier de premier plan en encourageant l’innovation et la mobilisation du capital », a-t-elle ajouté.
Emprunts verts
Le chancelier a en effet également dévoilé que le gouvernement britannique allait obliger les grandes entreprises à révéler leur exposition au réchauffement climatique à partir de 2025, ce qui en fait le plus avancé du G20 en la matière, a-t-il assuré.
Cette mesure concernera les entreprises commerciales, les banques, les groupes de construction, les assureurs, les gérants d’actifs ou encore les fonds de pension et permettra d’accompagner la transition verte du pays qui veut être neutre en carbone en 2050.
Plus tôt dans la journée, lors d’un sommet virtuel sur la finance verte, le régulateur britannique des marchés, la FCA, avait annoncé que dès le 1er janvier les grandes entreprises devraient révéler cet impact.
Mais ce ne sera pas obligatoire dans un premier temps et les entreprises seront pour l’heure seulement tenues de publier ces données ou d’expliquer pourquoi elles ne le font pas.
Dans le même temps, Rishi Sunak a annoncé que le Royaume-Uni allait procéder l’an prochain à sa première émission de dette verte.
Le pays n’est pas spécialement en avance dans ce domaine puisque de nombreux autres, comme la France et l’Allemagne, se sont déjà lancés sur ce marché.
Les emprunts verts servent à financer spécifiquement des projets environnementaux et ont le vent en poupe en particulier en Europe.
Le ministre britannique des Finances a précisé que le pays procéderait à d’autres émissions de ce type afin de répondre à la demande des investisseurs.
La Banque d’Angleterre (BoE) a salué ces annonces, après avoir indiqué dans la matinée que ses tests de résistance climatique réalisés auprès des établissements financiers commenceront en juin 2021. Ils avaient retardés en raison de la pandémie.
L’institut de la finance verte de la prestigieuse London School of Economics s’est également félicité de ces annonces qui vont aider à « créer des emplois verts et de revitaliser des régions » grâce à l’investissement dans de nouvelles infrastructures.
Fran Boait, de l’association Positive Money, a toutefois nuancé: « nous avons déjà assisté à la farce de sociétés fortement émettrices de carbone comme les pétrolières ou les aéroports lançant de soit-disant obligations vertes ». « Nous devons nous assurer que ces emprunts gouvernementaux sont bien utilisés pour des investissements ambitieux dans le cadre de la transition énergétique », a-t-elle mis en garde.
AFP