Willie Walsh, le patron d’IAG, maison mère de British Airways et Iberia, a annoncé sa démission jeudi après quinze ans aux commandes d’un géant européen de l’aérien qu’il a forgé et qui traverse actuellement un trou d’air.
Ce natif de Dublin âgé de 58 ans sera remplacé par le patron d’Iberia, Luis Gallego, signal que le groupe s’ancre un peu plus encore en Espagne où il possède déjà Vueling et est en train de racheter Air Europa. Il va quitter ses fonctions et ne siègera plus au conseil d’administration à partir du 26 mars, avant de partir du groupe au 30 juin. Cette figure respectée du secteur aérien a qualifié de « privilège » d’avoir joué « un rôle clé dans la création et le développement d’IAG » qu’il a orchestrée en 2011 en faisant fusionner British Airways et Iberia.
Ex-directeur général de la compagnie irlandaise Aer Lingus, rachetée par IAG en 2015 et où il a commencé sa carrière comme pilote en 1979, M. Walsh s’est dit certain que M. Gallego « sera un formidable directeur général » pour le groupe. « Je suis certain que nous pouvons bâtir sur les solides fondations construites par Willie », a quant a lui déclaré son successeur, un ingénieur aéronautique de formation né en 1969 et qui a commencé sa carrière dans l’armée de l’air espagnole où il formait les officiers. Celui qui prendra le gouvernail d’Iberia après lui n’a pas encore été nommé. Le départ de M. Walsh intervient au moment dans la foulée d’un conflit social inédit entre sa compagnie phare British Airways et ses pilotes cet automne. Le transporteur britannique a notamment vécu une grève historique de deux jours en septembre qui l’a forcé à annuler des centaines de vols, laissant sur le carreaux des milliers de passagers.
Ce bras de fer résolu par la signature d’un accord salarial le mois dernier lui a coûté 137 millions d’euros et a forcé IAG à abaisser ses prévisions de résultat pour 2019. Depuis son arrivée à la tête de British Airways en 2005, Willie Walsh a piloté le groupe à travers la crise économique de 2008-2009 et la concurrence de plus en plus vive des transporteurs à bas coût. Après avoir été l’architecte de la fusion de British Airways et Iberia, il a orchestré une série de rachats et rationalisé le groupe en réduisant le nombre de postes mais au prix de tensions croissantes avec les employés, et d’une nette baisse de l’image de la compagnie, qui a fait face ces derniers mois à d’embarrassantes pannes informatiques. M. Walsh laisse derrière lui un groupe profondément transformé, qui d’une compagnie nationale est passé à un acteur mondial de premier plan forte d’une flotte de 573 avions qui dessert le monde entier et transporte 113 millions de passagers par an. Luis Gallego, aux commandes d’Iberia depuis 2013, avait estimé en novembre que Madrid pourrait « devenir la passerelle entre l’Asie et l’Amérique latine », alors que la ville a été à la traîne de ses concurrentes européennes ces dernières années.
La guerre du ciel
Avec l’acquisition prévue d’Air Europa, IAG entend se renforcer considérablement dans les liaisons vers l’Amérique latine et les Caraïbes et faire de Madrid un « hub » capable de rivaliser Paris Charles de Gaulle, Londres Heathrow, Amsterdam et Francfort. M. Gallego a modernisé Iberia et a restauré sa rentabilité alors qu’elle accumulait les pertes avant son arrivée. Il va devoir piloter le groupe aérien et notamment British Airways à travers les vents contraires du Brexit. « Gallego est un nouveau visage pour de nouveaux défis, et notamment celui de comment fonctionner avec des passagers de moins en moins tolérants face à l’impact environnemental des vols », remarque Jasper Lawler, analyste chez LCG. L’action d’IAG prenait 1,26% en milieu de séance à la Bourse de Londres.
AFP