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Le pape cloue la finance mondiale au pilori


Le pape François, place Saint-Pierre à Rome, le 16 mai. (Photo : AFP)

Dette publique, produits dérivés, prêts hypothécaires à risque, économie offshore, taux Libor: le Vatican a décortiqué et critiqué jeudi, avec une précision technique inédite, le système financier mondial jugé globalement amoral.

Le pape François, témoin notamment de la crise économique argentine et de l’exploitation des plus pauvres traités comme des « déchets », n’a de cesse de dénoncer une économie financière virtuelle et destructrice d’emplois. Au point d’être accusé d’idées marxisantes, qu’il réfute. Il soutient sans surprise le texte signé jeudi par la Congrégation pour la doctrine de la foi (gardienne du dogme et inattendu commentatrice pour ce type de sujet) et le dicastère pour le service du développement humain intégral (créé par le pape François), qui se plonge plus en détail dans les rouages des spéculateurs.

Le Vatican déplore que la crise économique et financière, commencée aux États-Unis l’été 2007 avec les prêts hypothécaires à risque (subprimes), n’ait pas débouché sur l’élimination de certaines pratiques spéculatives et la valorisation de l’économie réelle. « Le fait d’appliquer des taux d’intérêt excessivement élevés, en réalité non soutenables pour ceux qui empruntent, représente une opération non seulement illégitime du point de vue éthique, mais aussi un dysfonctionnement quant à la santé de l’économie », écrit-il.

Imposer les transactions offshore

Le texte dénonce aussi ceux qui « provoquent une baisse artificielle du prix des titres de dette publique, sans se soucier du fait qu’il influence négativement ou aggrave la situation économique du pays ».

Le Vatican critique longuement les placements offshore. « La richesse privée accumulée par certaines élites dans des paradis fiscaux a presque égalé la dette publique de leurs pays respectifs », déplore-t-il, en estimant qu’un impôt minimum sur les transactions offshore pourrait résoudre en partie le problème de la faim dans le monde.

La dette publique qui pèse sur les Etats, souvent générée par « une gestion maladroite » du système d’administration publique, est « l’un des plus grands obstacles au bon fonctionnement et à la croissance des différentes économies nationales ». Les signataires préconisent donc « des politiques de réduction raisonnable et harmonisée ».

Le Quotidien/AFP