La vie est belle au Grand-Duché, encore faut-il avoir les moyens d’y vivre. Une étude de l’OCDE révèle que le pays connaît le revers de la médaille de sa prospérité en ce qui concerne la hausse du prix des logements.
L’étude analyse les facteurs sous-jacents de l’expansion économique robuste du Grand-Duché et souligne la nécessité de réformes pour rendre la croissance plus inclusive. Elle cible également la situation du logement.
Il fait bon vivre au Luxembourg, juge l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La croissance est bonne, mais cette prospérité n’est pas éternelle, selon Angel Gurria, qui souligne que si la productivité du Luxembourg est la plus élevée au monde, la croissance du pays continue de stagner. L’étude de l’OCDE conclut donc qu’il est impératif de rendre la croissance durable et inclusive.
Pour y parvenir, l’OCDE recommande entre autres de relever l’âge de départ à la retraite ou de réduire le montant des pensions de retraite, de continuer de relever les taxes et les droits d’accises sur les carburants ou encore de « continuer à s’associer aux efforts internationaux visant à s’attaquer aux enjeux fiscaux liés aux activités transfrontalières et à renforcer la transparence fiscale ».
L’étude préconise également, pour relancer la productivité à la hausse, d’investir dans la formation continue des salariés et en particulier en matière de digitalisation. La moitié des salariés luxembourgeois ne disposeraient pas des capacités nécessaires pour pouvoir y faire face. Il faudra également moderniser la loi sur les faillites « pour la rendre moins punitive et instaurer une approche plus anglo-saxonne qui donne des secondes chances aux entrepreneurs », a estimé Pierre Gramegna, le ministre des Finances.
L’étude fourmille de constats et de recommandations que le Grand-Duché est pour certaines déjà en train de mettre en œuvre. Elle est également ciblée sur la situation du logement au Luxembourg. L’offre et la demande sont en déséquilibre depuis une dizaine d’années et les prix ne cessent de croître. À tel point que les prix augmentent plus vite que les salaires et que la part des prêts hypothécaires par rapport aux revenus des ménages est la plus élevée au monde.
Atteindre 70 % de locations
Pour percer la bulle, il faut augmenter l’offre de logements et améliorer leur accès pour tous. L’OCDE recommande donc un marché plus inclusif, entre autres. Les recommandations de l’OCDE en la matière ont également déjà été transposées ou sont en cours de réflexion. Il s’agit notamment d’augmenter la densité résidentielle, de supprimer ou de diminuer la déductibilité fiscale des intérêts d’emprunts immobiliers, de mettre en place des sanctions pour les propriétaires et les promoteurs qui n’utilisent pas leurs permis de construire, de favoriser l’achat de terrains par des promoteurs publics. Il faut donc créer plus de logements sociaux et modifier les critères d’accessibilité pour y inclure la classe moyenne.
Sam Tanson, la ministre du Logement, a indiqué hier que la priorité du gouvernement était la location et non plus la vente de logements. Elle souhaiterait atteindre un quota de 70 % de locations, notamment par le biais de baux emphytéotique. La ministre indique également qu’en matière de mobilisation de terrains, il n’y aurait pas besoin d’élargir les périmètres de construction des communes. Une cellule a été créée au ministère pour répertorier ces terrains, annonce-t-elle.
Pour résumer, pour l’OCDE, la croissance est robuste au Luxembourg et le bien-être est élevé, la réduction des risques financiers des ménages et des banques doit devenir une priorité, les politiques fiscales doivent soutenir une croissance durable, une croissance plus forte de la productivité sera requise pour continuer d’assurer la prospérité et le marché du logement devra devenir plus efficace et équitable.
Sophie Kieffer