Le Groupement pétrolier luxembourgeois (GPL) a tenu, mercredi, une conférence de presse afin de présenter les récentes évolutions d’un marché en baisse pour la troisième année consécutive. Le marché pétrolier luxembourgeois souffre de la concurrence du marché belge et demande au gouvernement de prendre des mesures.
En 2015, les ventes de carburants routiers (essence et diesel) ont reculé de 4,9 % par rapport à l’année 2014, un recul conséquent qui s’alourdit si on les compare à celles de l’année record de 2005, là c’est une baisse de 13,1 % qui est à noter. Le GPL explique cette baisse par une perte de compétitivité des prix du diesel luxembourgeois par rapport à la Belgique.
En effet, même si à la pompe le diesel reste moins cher au Grand-Duché, la Belgique a réintroduit un système de remboursement d’une partie de l’accise pour les professionnels, ce qui, au final, rend « les prix de carburants proches et même en dessous des prix luxembourgeois », explique Romain Hoffmann, président du GPL.
Très concrètement, depuis la fin de l’année dernière, les professionnels belges peuvent être remboursés à hauteur de 112 euros par 1000 litres de diesel. De plus, la Belgique a annoncé l’adoption d’un système de péage autoroutier dès avril 2016 et abandonnera au même moment le système dit de «l’Eurovignette».
Appel à agir à l’adresse du gouvernement
Cette décision aura pour effet de rendre encore plus attractives les routes du royaume belge par rapport aux routes luxembourgeoises. Pour rappel, l’Eurovignette est une taxe permettant d’utiliser des réseaux routiers par les propriétaires de camions de transport (dès 12 tonnes). Cette vignette, qui est en vigueur seulement en Suède, au Danemark, aux Pays-Bas et au Luxembourg, coûte entre 750 et 1 250 euros à l’année par camion.
« L’introduction à partir d’avril d’un système de péage autoroutier en Belgique portera un coup supplémentaire à l’attractivité du système autoroutier luxembourgeois, qui sera un des seuls à continuer à appliquer le système de l’Eurovignette. C’est pourquoi nous appelons le gouvernement à réagir et à sortir de ce système de vignette au plus vite », souligne Romain Hoffmann.
Autre raison avancée par le GPL, la congestion du réseau autoroutier luxembourgeois couplée à l’introduction de contrôles à la frontière française ayant provoqué un évitement du Luxembourg par les camionneurs. Sans oublier la relation qui existe entre les produits de carburants routiers et le prix de l’alcool et du tabac.
« La situation concurrentielle de notre pays en matière de prix des carburants et aussi au niveau d’autres produits accisés, comme le tabac et l’alcool, est en péril et le gouvernement devra être prudent dans ses actions s’il désire garder le flux de revenus provenant du marché du pétrole », prévient Romain Hoffmann.
Un milliard de recettes pour l’État
En effet, l’État touche un pactole de plus d’un milliard d’euros (en 2015) sur les recettes des taxes sur les carburants (accises, TVA et droits de concession sur les ventes de carburants). Face à ce constat, il est peut-être pertinent pour le gouvernement d’entendre les revendications du GPL, qui, ne le cachons pas, a pour but de vendre un maximum de carburant routier, quand on sait que le gouvernement souhaite faire du Luxembourg un hub stratégique au niveau européen en matière de logistique, chose qui passera par un marché du carburant attractif et compétitif.
Le GPL a d’ailleurs souligné que, même si globalement le marché pétrolier est dégressif, les carburants routiers resteront le produit phare dans le secteur des transports au-delà de 2030. Pour cela, le GPL conseille le gouvernement d’abolir l’Eurovignette, de garder les accises au niveau minimum européen pour les carburants et autres produits liés aux stations-services, de simplifier les quotas de biocarburants et de réduire le coût des concessions des stations-services.
Au rayon des bonnes nouvelles, le GPL a félicité le gouvernement d’avoir durci le ton en ce qui concerne la grivèlerie (vol de carburant), car avant, ce type de vol n’entraînait aucune poursuite, le voleur devant juste rembourser le pompiste. Aujourd’hui, il est puni comme un vol. En 2015, il y a eu 1 182 cas de grivèlerie dans le pays.
Jeremy Zabatta
Le marché en chiffres
2 500 : selon le GPL, depuis 2011, le marché pétrolier luxembourgeois emploie 2 500 collaborateurs dont 2 100 dans les stations-services.
1 993 : en millions de litres, le volume de diesel vendu au Luxembourg en 2015.
529 : en milliers de litres, le volume de kérosène (aviation) vendu au Luxembourg en 2015.
395 : en milliers de litres, le volume d’essence vendu au Luxembourg en 2015.
64,9 : en pour cent, la part du pétrole dans la consommation finale d’énergie au Luxembourg en 2014, soit deux tiers du marché.