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Le Luxembourg s’en sort bien économiquement, juge le FMI


Après une dizaine de jours de travail, la mission du FMI emmenée par Emil Stavrev a rendu un avis plutôt favorable sur le pays. (Photo Julien Garroy)

Le FMI fait état de perspectives favorables pour l’économie du pays, tout en émettant une série de recommandations plutôt déconcertantes.

Comme chaque année, le Fonds monétaire international (FMI) fait une halte au Grand-Duché pour mener une consultation sur l’économie luxembourgeoise.

Après une dizaine de jours de travail, la mission du FMI emmenée par Emil Stavrev a rendu un avis plutôt favorable sur le pays : «La croissance, quoique quelque peu modérée, est restée robuste, notamment grâce à une demande interne soutenue. Grâce à des politiques économiques saines, le Luxembourg a réalisé de solides performances économiques. L’économie s’est développée rapidement ces dernières années. Cela s’est traduit par des gains solides au niveau de l’emploi et une baisse du chômage. Même si la croissance est restée robuste avec 3,1% en 2018, l’activité a ralenti de 26% et le marché du travail s’est quelque peu refroidi.».

Emil Stavrev avoue également que «l’évaluation de l’économie luxembourgeoise reste complexe» et souligne l’importance de renforcer les ressources d’un organisme comme le Statec pour évaluer au mieux une économie de plus en plus complexe.

L’émissaire du FMI a poursuivi en précisant que «si les perspectives sont favorables, il existe des risques, principalement externes, comme la montée du protectionnisme et une modification de la fiscalité mondiale pour les entreprises». Autrement dit, le Luxembourg et son économie ouverte sur l’extérieur sont évidemment à la merci des mesures décidées à l’extérieur du pays.

Au niveau national, le FMI précise que le Luxembourg «dispose d’un espace pour financer l’augmentation des dépenses publiques et l’ambitieux paquet de réformes fiscales envisagées par le gouvernement». Ainsi, le FMI encourage les décideurs politiques à maintenir une politique budgétaire prudente. Mais surtout, le FMI juge qu’il est nécessaire pour le pays de continuer à faire des efforts pour «limiter les risques liés aux emprunteurs sur le marché immobilier, augmenter l’offre de logements et réduire le chômage structurel».

«Augmenter les faibles taxes de transport»

En ce qui concerne la place financière, le FMI a salué le travail et les efforts du pays visant à se conformer aux initiatives internationales de lutte contre l’évasion fiscale : «La transparence a contribué à renforcer la réputation du pays.» Jusque-là, l’avis du FMI était plus ou moins similaire aux autres années.

Petites nouveautés cette années, le FMI a pointé du doigt une certaine rigidité dans la gestion urbanistique du territoire. «Nous recommandons de moderniser le zonage et l’aménagement urbains, qui est rigide, tout comme les règles administratives.» Vaste chantier au Luxembourg où il est effectivement assez difficile de modifier un plan d’aménagement particulier (PAP) ou un plan d’aménagement général (PAG). On l’a notamment vu dans le dossier Google à Bissen ou encore lorsqu’il s’agit de transformer une maison unifamiliale en plusieurs appartements.

Le FMI est en outre revenu sur l’importance de ne pas négliger le «problème» lié à l’immobilier en s’inquiétant de «la forte croissance des prix de l’immobilier qui pourrait réduire davantage l’accessibilité des logements et augmenter significativement l’endettement des ménages».

Plus surprenant, le FMI incite le gouvernement à «explorer des options pour diversifier ses revenus et améliorer l’efficacité des investissements publics». Une recommandation étonnante à la vue des efforts du pays ces dernières années pour développer plusieurs piliers économiques différents comme la logistique, l’automobile, le biomédical ou encore l’industrie spatiale afin justement de se détacher du poids économique de la place financière.

Autre recommandation étonnante, le FMI recommande «d’augmenter les faibles taxes de transport en introduisant, par exemple, des frais d’immatriculation uniques, ou encore en supprimant le traitement de la TVA préférentielle de l’énergie de chauffage». Dès lors, il faut comprendre que le FMI souhaite que le Luxembourg taxe davantage le transport et l’énergie. Pour sa défense, l’organisme financier international précise tout de même qu’il «faut le faire en protégeant les plus vulnérables».

Jeremy Zabatta