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Le luxe, l’horlogerie en tête, cible toujours plus le marché chinois


Les marques de luxe, à commencer par l'horlogerie, visent clairement le marché Chinois , qui pèse de plus en plus lourd au niveau mondial (Illustration : AFP).

Les fabricants de montres suisses, qui ont présenté cette semaine leurs nouvelles collections au salon horloger de Genève, continuent de miser sur la Chine malgré les signes d’essoufflement de l’économie du géant asiatique, un marché crucial pour les produits de luxe.

Les récents indicateurs pointent dans le sens d’un ralentissement de la deuxième économie mondiale, déclenchant de vifs soubresauts sur les marchés financiers, notamment sur les valeurs du luxe cotées en Bourse, alors que les investisseurs s’inquiètent des répercussions d’une guerre commerciale sino-américaine tous azimuts. « Actuellement, l’horlogerie suisse ne ressent pas trop l’évolution en Chine du ralentissement de la croissance », a déclaré Jean-Daniel Pasche, le président de la fédération horlogère suisse, lors d’un entretien au salon de Genève.

« On va voir comment tout cela va évoluer », a-t-il ajouté, s’inquiétant du climat de guerre commerciale et rappelant que l’horlogerie fait partie des secteurs qui ont besoin de marchés ouverts… dans la mesure où 95% de la production est exportée hors de Suisse. Or, la Chine est le troisième plus gros marché pour les fabricants de montres suisses: l’an passé, les exportations horlogères y ont grimpé de 14,2% entre janvier et novembre, selon les statistiques de la fédération horlogère, qui doit publier les chiffres pour l’ensemble de l’année 2018 fin janvier. En 2017, elles y avaient déjà bondi de 18,8%.

Un marché immense

En pratique, le poids des consommateurs chinois est toutefois encore plus élevé, beaucoup faisant leurs achats de produits de luxe à Hong Kong, qui se pose en quelque sorte en porte de l’Asie pour les fabricants de montres suisses, ou encore lors de leurs déplacements touristiques en Europe. « C’est un marché immense », a résumé David Traxler, le nouveau directeur de Parmigiani, une marque de prestige destinée aux collectionneurs, expliquant que « si on ne pense pas à la Chine, on décide qu’on renonce aux plus gros consommateurs » pour l’horlogerie de luxe. Arrivé au commandes en mars dernier, le nouveau patron de cette marque, qui réalise encore environ la moitié de ses ventes en Europe, s’est fixé pour objectif d’accroître la part des ventes en Asie, pour les faire passer d’environ 30% aujourd’hui à progressivement 50% à 60%, en mettant l’accent sur la Chine. Parmi ses projets pour les prochains mois, il compte notamment mettre en place une équipe de marketing digital à Shanghai pour communiquer davantage auprès de la clientèle de riches collectionneurs chinois.

Les Chinois pèsent 33% des achats mondiaux dans le luxe

La maison Hermès, qui venait dévoiler ses nouvelles collections de montres au salon international de la haute horlogerie de Genève, compte pour sa part ouvrir une nouvelle boutique à Xiamen, une ville portuaire de la province du Fujian, étendant peu à peu son maillage du pays où elle compte désormais 25 magasins. Pour l’horlogerie, « l’Asie – hors Japon – est la zone de croissance principale aujourd’hui », a pointé Guillaume de Seynes, un des directeurs de la célèbre maison du Faubourg Saint-Honoré, qui, comme de nombreux groupes de luxe, comptabilise le Japon séparément dans ses chiffres. Selon une estimation du cabinet Bain & Company, le marché mondial du luxe pesait environ 260 milliards d’euros 2018, les acheteurs chinois se taillant la part du lion. Leurs dépenses ont encore augmenté l’an passé pour représenter quelque 33% des achats de produits de luxe dans le monde. Et leur poids devrait encore s’accroître pour approcher de 45% des achats d’ici 2025, d’après les projections du cabinet américain.

AFP