Le spécialiste des processeurs Nvidia décollait de plus de 20 % jeudi à la Bourse de New York, au lendemain de la publication de prévisions très ambitieuses, appuyées sur le boom de l’intelligence artificielle.
Vers 15 h 30 GMT, le titre du groupe de Santa Clara (Californie) prenait 27,5 %, ce qui permettait à Nvidia d’approcher les mille milliards de dollars de capitalisation boursière, un cercle très fermé qui ne compte que cinq membres pour l’instant, dont quatre fleurons technologiques américains.
Si le gain se confirmait en clôture, Nvidia aurait gagné, en une séance, plus de 200 milliards de dollars en valeur, soit plus que la capitalisation boursière totale de Nike, Netflix ou Disney.
Fondée il y a trente ans par l’ingénieur américano-taïwanais Jen-Hsun « Jensen » Huang, cette entreprise peu connue du grand public voyait initialement son avenir dans les jeux vidéo. Elle a ainsi développé des processeurs graphiques (GPU) destinés à améliorer la qualité des images pour les joueurs.
Ces puces ont une capacité de calcul très supérieure à celle d’un ordinateur classique, un potentiel qui a rapidement intéressé les développeurs d’intelligence artificielle (IA), gourmande en traitement de données. Certains de ces GPU coûtent plusieurs dizaines de milliers de dollars pièce.
Mercredi, Nvidia a fait état de résultats supérieurs aux attentes, mais a surtout publié une prévision astronomique pour son chiffre d’affaires au deuxième trimestre, qui représenterait une hausse de 64 % par rapport au même trimestre de 2022.
Bien placé pour profiter de l’engouement pour l’IA dite générative
Lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats, Jensen Huang a expliqué que l’univers des centres de traitement de données, essentiels à l’informatique à distance (cloud), entamait une transition majeure et une mise à niveau technologique, pour faire face notamment aux nouvelles exigences de l’IA. Le dirigeant a estimé que les investissements à engager pourraient atteindre mille milliards de dollars dans les années à venir, dont Nvidia entend capter une partie non négligeable.
Les produits et services de Nvidia « sont positionnés de façon unique pour contribuer à la transformation des centres de données », a estimé, dans une note, Vivek Arya, analyste de Bank of America. « Nous avons de la concurrence dans tous les sens », a reconnu Jensen Huang, mais « nous sommes la solution la moins onéreuse » pour les entreprises qui souhaitent améliorer leurs capacités de traitement de données.
Nvidia ne se contente pas de vendre des processeurs et offre de concevoir et monter des « data centers » de toutes pièces, affirme le patron emblématique du groupe, connu pour son allure décontractée et son goût pour les blousons en cuir.
Le groupe californien est parmi les mieux placés pour profiter de l’engouement actuel pour l’IA dite générative, c’est-à-dire capable de créer du contenu sans intervention humaine sur requête en langage courant, grâce à de volumineuses bases de données.
« En 22 ans de couverture du secteur technologique et de grosses capitalisations, nous n’avons jamais vu une prévision de cette magnitude, ce qui confirme que la monétisation de l’IA (…) est bien engagée », ont commenté les analystes de Wedbush Securites, dans une note.
Le groupe profite aussi de la révolution en cours de l’aide à la conduite et de la conduite autonome, segment sur lequel il a plus que doublé ses revenus au premier trimestre.