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Le G20 cherche les mots justes face au ralentissement chinois


La directrice générale du FMI Christine Lagarde (c) s'exprime lors de la réunion des grands argentiers du G20 à Ankara, le 4 septembre 2015 (Photo AFP)

Les grands argentiers du G20 doivent livrer samedi un diagnostic très attendu sur la croissance mondiale, alors que l’inquiétude monte autour du ralentissement chinois et des accès de faiblesse de nombreux pays émergents.

Le communiqué publié samedi à la fin de la rencontre de deux jours à Ankara des ministres des Finances et banquiers centraux des vingt principales économies mondiales sera «réaliste et volontariste», indiquait vendredi un participant.

Le Financial Times prédisait lui un texte «rassurant» et «optimiste», contrastant avec les crises d’angoisse récentes des marchés boursiers et des matières premières, pétrole en tête.

Selon une source proche des discussions dans la capitale turque, des divergences persistent toutefois parmi les grandes puissances économiques et les institutions internationales sur la capacité à digérer à la fois le ralentissement de la Chine et la volonté des Etats-Unis de relever leurs taux d’intérêt.

Parmi les plus prudents figurent le Fonds monétaire international (FMI), dont la directrice générale Christine Lagarde s’est inquiétée ouvertement de la santé des grands pays émergents, et bien sûr les pays émergents eux-mêmes.

Un bon exemple, outre le Brésil et la Russie en pleine récession, est le pays hôte des réunions du G20, la Turquie. Son taux de change vient de toucher un nouveau plus bas face au dollar sous la barre des 3 livres pour un billet vert.

Les Etats-Unis s’affichent en tête des pays plus confiants. «Nous avons le type de croissance soutenable que tout le monde voulait», s’est félicité samedi un haut responsable du Trésor américain.

L’Union européenne (UE) s’est positionnée sur la même ligne optimiste, quoique sur un ton plus prudent. Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici a ainsi dit à l’AFP être «vigilant mais pas inquiet».

Les divergences entre mastodontes – les pays du G20 pèsent 85% de l’économie mondiale – sont aussi apparues au grand jour concernant la politique des taux de change de la Chine, qui avait en août pris les marchés par surprise avec une dévaluation brutale du yuan.

« Dévaluation compétitive »

Le sujet est particulièrement sensible pour les Etats-Unis, où l’on considère que la devise chinoise était déjà sous-évaluée auparavant.

Le secrétaire d’Etat au Trésor Jack Lew a appelé vendredi la Chine à éviter toute «dévaluation compétitive», en clair à ne pas manipuler son taux de change pour rafler des marchés à l’export.

Selon un haut responsable du Trésor américain, le communiqué final, numéro d’équilibrisme diplomatique dont chaque mot est scruté par les marchés, comportera «des éléments de langage sur la dévaluation compétitive». Une mention retenue au terme de discussions «très détaillées».

Il reste toutefois difficile d’imaginer que la Chine soit nommément citée dans le texte.

Le même haut responsable a ajouté à l’adresse de Pékin que «plus il y a de confiance dans les statistiques et les politiques publiques liées à ces statistiques, mieux c’est». La riposte à l’éclatement de la bulle boursière dans le pays est jugée confuse, et les statistiques sur l’économie réelle sont parfois difficiles à décrypter.

Mais les Etats-Unis aussi ont eu des comptes à rendre. Les pays émergents comme ceux de la zone euro, où la Banque centrale européenne (BCE) s’évertue à promettre son soutien à l’économie, attendent de la banque centrale américaine (Fed) qu’elle prenne en compte les effets externes de la hausse de taux qu’elle prépare.

Le moment de ce premier durcissement monétaire, attendu par certains dès le 17 septembre, restait incertain samedi, après des chiffres mitigés sur l’emploi aux Etats-Unis.

Le plus tard serait le mieux pour les pays émergents, qui craignent une fuite de capitaux vers des rendements plus attractifs, mettant en péril leurs finances.

A surveiller également dans le communiqué final, un passage sur la lutte contre les manœuvres des multinationales pour payer moins d’impôt, grand chantier piloté pour le compte du G20 par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).

Le processus est de plus en plus vivement critiqué par les pays pauvres, grandes victimes de la déperdition fiscale et qui s’estiment exclus de ces discussions.

AFP/M.R.