Chauffage urbain, pompes à chaleur, biogaz et développement massif de l’éolien et du solaire, hausse temporaire de la production en mer du Nord : le gouvernement danois a présenté mardi un plan visant à devenir indépendant du gaz russe après l’invasion de l’Ukraine.
La Première ministre Mette Frederiksen avait fixé début mars un objectif de sortie du gaz russe « le plus vite possible », alors que l’UE réfléchit à un arrêt des achats à la Russie pour sanctionner Moscou. Le plan présenté mardi par l’exécutif danois prévoit notamment que la moitié des 400 000 foyers du pays qui se chauffent actuellement au gaz basculeront vers un raccordement au chauffage urbain ou vers les pompes à chaleur fonctionnant à l’électricité d’ici à 2028.
Pour les foyers restants et l’industrie, le plan prévoit aussi un développement du biogaz d’origine renouvelable, « qui assurera que nous soyons libres de Poutine », a déclaré le ministre du Climat et de l’Énergie Dan Jørgensen lors d’une conférence de presse.
Le Danemark va également « étudier la possibilité d’anticiper et d’augmenter temporairement la production de gaz de mer du Nord sur les gisements déjà exploités », en « dialogue avec les acteurs du marché », a expliqué le gouvernement dans un communiqué. Le gouvernement danois a aussi dopé son plan de développement des énergies renouvelables, et prévoit désormais un quadruplement des centrales solaires et surtout de l’éolien terrestre, à horizon 2030.
Les bouchées doubles pour sortir du gaz russe
Le royaume scandinave est déjà un des grands champions européens de l’éolien, qui lui fournit actuellement environ la moitié de son électricité – le reste étant dominé par la biomasse et le charbon. « Nous voulons développer les énergies renouvelables autant qu’il est possible de le faire de façon intelligente », a assuré Mette Frederiksen.
Le gaz fournit environ 18 % de l’énergie consommée au Danemark chaque année, selon les statistiques officielles. Une grande partie est longtemps venue des gisements du pays en mer du Nord, mais ceux-ci sont en rapide déclin. En 2019, la production nationale n’a permis que de couvrir 72 % du gaz consommé dans le pays, selon l’Agence danoise de l’énergie.
La Russie figure parmi les principaux fournisseurs des importations danoises et fournit environ 40 à 45 % du gaz importé dans l’Union européenne. Les 27 mettent les bouchées doubles pour sortir du gaz russe, mais cet effort prendra plusieurs années selon les analystes.
Le Danemark avait voté en 2020 l’arrêt complet de sa production de gaz en mer du Nord d’ici à 2050, devenant le premier producteur significatif d’hydrocarbures à fixer une date de fin d’exploitation.
L’exécutif ne prévoit pas de renoncer à cette mesure, a-t-il indiqué mardi.