Yves Nosbusch, le chief economist de la BGL BNP Paribas présentait ce mardi les perspectives économiques pour le second semestre 2015. La Grèce était au cœur de l’analyse.
Si le peuple grec dit «non» au référendum dimanche, le gouvernement Tsipras se verrait obligé d’introduire une monnaie parallèle à l’euro. Yves Nosbusch parie plutôt sur une issue positive à cette votation populaire.
Depuis ce week-end, la situation économique et financière de la Grèce est au centre de toutes les conversations. Elle l’était également ce mardi matin lors de la présentation perspectives économiques pour le deuxième trimestre 2015 dans la zone euro.
Yves Nosbusch, l’économiste en chef de la banque BGL BNP Paribas, s’est tout de suite focalisé sur l’annonce du référendum. En effet, Alexis Tsipras, le premier Ministre grec a annoncé samedi dernier la tenue d’une votation populaire sur les propositions faites par les créanciers du pays.
Un oui encore gagnant
Le 5 juillet prochain, les Grecs auront le choix entre oui ou non. «Les premiers sondages du week-end semblent indiquer que le oui est le plus probable», indique Yves Nosbusch. «Si le résultat du référendum est oui, l’Europe mettra en place un nouveau programme d’aide. Si c’est le non, le gouvernement grec se verrait obligé d’introduire une monnaie parallèle», affirme-t-il.
Il cite la loi de Gresham. Le principe édicté par le financier anglais du 16e siècle siècle est le suivant : «la mauvaise monnaie chasse la bonne». «Si on a deux monnaies potentielles, les gens vont se débarrasser de la mauvaise monnaie», dit l’économiste de la BGL. En l’occurrence, ici, de l’euro. Le scénario du oui reste le plus probable encore à ce jour.
Une question se pose : est-ce que l’annonce par Jean-Claude Juncker de la fin du programme d’aide financière ce mardi influencera les Grecs dans leur choix de vote ?
En marge des hypothèses de résultats électoraux, Yves Nosbusch a donné quelques chiffres intéressants. Depuis le début de l’année 2015, les dépôts des clients dans les établissements grecs ont diminué de plus de 30 milliards d’euros. Les retraits se sont même accélérés au cours des dernières semaines et des derniers jours. Bien que les banques ne soient pas ouvertes, il est possible de retirer au guichet 60 euros et pas un centime de plus.
La reprise s’installe
Selon l’économiste de la BGL, «cette crise est vraiment très très profonde». Pour preuve, à la fin 2014, «le PIB se situait à 25 % en dessous de son niveau de 2008 et le chômage atteignait 26 % de la population active», souligne-t-il. Pourtant, il y avait des signes encourageants. La saison touristique était excellente, la croissance s’établissait à 0,7 % et il y avait une stabilisation du marché du travail.
Néanmoins, au début de l’année 2015, la tendance encourageante s’est renversée, la confiance des ménages a baissé. Yves Nosbusch le constate: «l’incertitude nuit énormément à la croissance et à la confiance».
Il n’y a pas que des mauvaises nouvelles dans la zone euro. «Ça va mieux», lâche l’économiste. La reprise est en train de s’installer. Il y a beaucoup de signes encourageants. D’ailleurs, la croissance de l’emploi dans la zone euro se situe autour des 1 %. «Chez BGL, on est plus optimiste», certifie Yves Nosbusch. Le crédit bancaire au secteur privé est en croissance et, cerise sur le gâteau, les exportations pourraient connaitre une croissance plus importante en 2015.
Aude Forestier
Les 3 scenarii de la KBL
KBL EPB a donné sa position sur la situation grecque en émettant trois scenarii ayant des effets sur les marchés financiers. Le premier «Good deal» (le oui gagnant) serait un signal clair pour les marchés. Le «No deal» (le non) reviendrait à une sortie de la zone euro. Le «Bad deal» consisterait à un effacement de la dette. Un scénario peu probable selon la KBL.