Avec quelque 75 000 bornes pour voitures électriques, les Pays-Bas sont des leaders en Europe.
Avec quelque 75 000 bornes pour voitures électriques, les Pays-Bas sont des leaders en Europe. Ils sont plus connus pour leurs vélos, mais aucun autre pays européen ne possède autant de bornes de recharge pour voiture électrique que les Pays-Bas. À chaque coin de rue, des Tesla, Volvo et autres véhicules sont branchés à une borne, grâce à un réseau de quelque 75 000 stations de charge, soit près d’un tiers du total de l’Union européenne.
L’installation de quatre stations de charge en bas de chez elle dans le centre-ville de Rotterdam a convaincu Nienke Bergsma d’acheter une voiture électrique, pour, dit-elle, «contribuer à la protection de l’environnement». Trouver le bon rythme de recharge par rapport à ses déplacements a été un casse-tête, mais aujourd’hui, cette étudiante de 37 ans se dit «très contente» d’avoir sauté le pas. Environ une voiture neuve sur cinq est entièrement électrique aux Pays-Bas, qui ont misé cette décennie sur ce modèle de transport durable avec des primes et des avantages fiscaux. Car avec environ un tiers de son territoire situé sous le niveau de la mer, le pays se sait très vulnérable au réchauffement climatique, qui se développe encore plus vite que l’on craignait selon un rapport choc cette semaine des experts de l’ONU (GIEC).
L’objectif du gouvernement est que toutes les voitures neuves vendues à partir de 2030 soient entièrement électriques aux Pays-Bas, où le trafic routier est à l’origine d’environ un cinquième des émissions de gaz à effet de serre. Le pays est l’un des plus gros pollueurs en Europe, notamment à cause de l’industrie et de l’agriculture, et compte plus de voitures par habitant que la France, la Grèce ou la Suède. Après une procédure historique portée par des ONG, La Haye s’est vue contrainte de s’engager à réduire les émissions de CO2 de 49 % d’ici 2030, par rapport à 1990.
Toujours pas assez
Chargée à bloc, la voiture de Nienke Bergsma, une Volvo, peut parcourir environ 400 kilomètres, une distance que cette étudiante en environnement et sciences naturelles ne fait quasiment jamais en une seule fois. Les distances courtes et la qualité du réseau routier «encouragent les gens à se lancer dans la conduite électrique», observe Maarten van Biezen, codirigeant de l’Association de la conduite électrique (VER).
L’année dernière, 20 à 21% des 400 000 voitures neuves vendues étaient entièrement électriques, indique-t-il. La Haye a commencé «très tôt» à encourager ce mode de transport, en 2012, bien avant Paris ou Berlin, analyse-t-il. En plus des 75 000 stations de recharge publiques, 190 000 citoyens néerlandais ont leur propre borne chez eux. Près de 30 % des points de recharge d’Europe se situent aux Pays-Bas. La France et l’Allemagne, des pays bien plus grands, complètent le top 3, avec tous deux environ 20 % des bornes européennes.
La moitié des stations de recharge publiques se trouvent dans les provinces où se situent Amsterdam, La Haye et Rotterdam, qui regroupent environ un tiers de la population totale. Dans la plupart des provinces, la gestion des bornes a été attribuée à une concession, ce qui facilite leur utilisation : il suffit de scanner une carte sur une des bornes, toutes compatibles.
En ville, tout utilisateur d’une voiture électrique a droit à une station de charge à moins de 200 mètres de sa maison. A la campagne, les automobilistes ont une borne chez eux, chargeant pour 75 % d’entre eux avec l’électricité provenant de leurs propres panneaux solaires.
Les bornes classiques permettent de «faire le plein» la nuit ou en quelques heures. Les bornes rapides, installées notamment sur les aires d’autoroute, sont capables de recharger en trente minutes. Mais malgré tout, il n’y a toujours pas assez de bornes à Rotterdam, estime Nienke Bergsma, qui recharge sa voiture toutes les quatre nuits.
Même en évitant l’heure de pointe, vers 18 h, cela lui arrive de tourner pendant quinze minutes autour de chez elle pour trouver une place libre. Son conseil : ne jamais vider complètement la batterie, pour éviter de ne pouvoir «aller nulle part». La municipalité a fait des progrès en installant plus de bornes, mais cela reste insuffisant, estime l’étudiante. «Frustrée», elle montre du doigt une borne inutilisable, bloquée par une jardinière.
LQ