Le cours du bitcoin s’installait largement au-dessus du seuil des 15 000 dollars qu’il a franchi jeudi pour la première fois de son histoire, après s’être envolé de plus de 50% en une semaine.
La monnaie virtuelle a franchi ce seuil vers 10 heures et atteignait 15 476,10 dollars vers 14 heures 45, après avoir établi un nouveau record historique un peu plus tôt à 15 969,99 dollars, selon des données compilées par l’agence Bloomberg.
Le bitcoin n’en finit plus d’atteindre des sommets, en battant à toute vitesse record sur record. A la mi-octobre, il s’échangeait encore à 5 000 dollars.
Sans existence physique, le bitcoin, qui ne valait que quelques centimes en 2009 lors de son lancement, s’appuie sur un système de paiement de pair-à-pair basé sur la technologie dite « blockchain » ou « chaîne de blocs ».
Il n’a pas de cours légal et n’est pas régi par une banque centrale ou un gouvernement mais par une vaste communauté d’internautes et accepté dans un nombre grandissant de transactions (restaurants, immobilier, etc.).
Sa valeur a été multipliée par 15 depuis le début de l’année, qu’il avait commencée autour de 1 000 dollars, suscitant l’inquiétude des autorités financières et la stupéfaction des analystes de marché, peu habitués à une telle flambée d’un actif.
Cette course au record est nourrie par l’intérêt croissant de grands marchés américains, dont certains s’apprêtent à lancer courant décembre des contrats à terme de bitcoins, permettant de spéculer sur son évolution.
Ces Bourses donnent ainsi une certaine légitimité à cet actif aux yeux de certains acteurs de la finance traditionnelle, qui jusqu’à présent goûtaient peu à ce produit d’un nouveau type.
Mais elles suscitent aussi de nombreuses critiques dans le monde de la finance. L’association des Bourses de produits dérivés FIA a ainsi critiqué une décision jugée précipitée et comportant trop de risques.
Enfer de Dante
Même prudence pour le président de la banque RBS, Howard Davies, qui a estimé jeudi sur Bloomberg TV qu’acheter du bitcoin revenait à pénétrer dans l’Enfer de Dante, peinant à y voir « quelque chose de vraiment rationnel ».
Comme le nombre de bitcoins pouvant être mis en circulation est limité, tout regain de demande se traduit immédiatement par un bond de sa valeur.
Désormais, la capitalisation totale de la cryptomonnaie s’élève à 265 milliards de dollars, loin devant sa concurrente Ethereum, qui pèse 40 milliards de dollars, selon les données du site spécialisé coinmarketcap.com.
Le bitcoin vaut désormais plus que nombre de multinationales, comme Coca-Cola, ou que le produit intérieur brut d’un pays comme la Finlande.
De nombreux économistes de renom, à l’instar des prix Nobel Joseph Stiglitz et Jean Tirole, sont montés au créneau ces derniers jours contre la flambée du bitcoin, décrite comme une « bulle spéculative » susceptible d' »imploser ».
Les banquiers centraux, maîtres des monnaies traditionnelles et garants de la stabilité financière mondiale, ont quand eux multiplié les avertissements, à l’image du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, estimant que ceux qui investissaient dans le bitcoin le faisaient « totalement à leurs risques et périls ».
Les régulateurs de plusieurs pays ont également mis en garde les particuliers qui pourraient perdre gros à vouloir tenter le pari de ce placement très risqué.
Les autorités françaises de la finance ont notamment martelé que le bitcoin était qualifié « à tort de monnaie virtuelle » en alertant les investisseurs quant aux risques de pertes.
La prudence a gagné jusqu’à l’incontournable plateforme de ventes en ligne de jeux vidéo Steam, qui a annoncé refuser désormais le paiement en bitcoin, qu’elle acceptait jusqu’à présent.
Le Quotidien/ AFP