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L’approvisionnement en carburants, une logistique complexe


La France métropolitaine compte sept raffineries détenues par trois entreprises. (illustration AFP)

L’approvisionnement en carburant de la France s’organise autour d’une logistique complexe, avec huit raffineries et 200 dépôts – que la CGT souhaite bloquer jusqu’à vendredi – mais aussi des importations et des stocks stratégiques mobilisables en cas de crise.

Le pétrole brut est importé puis raffiné dans sept raffineries implantées en France métropolitaine, qui sont détenues par trois entreprises : Total à Gonfreville, Donges, Grandpuits et Feyzin; Esso à Gravenchon et Fos-sur-mer; et enfin Petroineos à Lavera. Total, à La Mède, produit en outre du biocarburant. Outre-mer, une raffinerie appartenant à la Société anonyme de la raffinerie des Antilles est implantée en Martinique.

Des produits pétroliers qui ont été raffinés à l’étranger sont aussi importés via des terminaux et dépôts d’importation. C’est notamment le cas pour le gazole, dont la France est grande consommatrice et dont près de la moitié est importée. A l’inverse, la France exporte de l’essence. Ces carburants sont ensuite répartis dans 200 dépôts, dont environ 90 dépôts principaux et 17 d’importation, d’une capacité de stockage totale qui atteignait 19,5 millions de mètres cubes en 2018, selon les derniers chiffres disponibles de l’Union nationale des industries pétrolières (Ufip). Cela représente environ 40% du volume total de gazole et d’essence consommé annuellement. Il est donc compliqué d’aller bloquer chaque dépôt.

Ces dépôts sont alimentés par oléoducs, des trains ou encore des barges. Ils servent à leur tour les stations-service par camions-citerne. Le pays compte un réseau de 11 000 stations, dont 6 000 traditionnelles et 5 000 attachées aux super et hypermarchés. Chacune dispose d’une autonomie de deux à trois jours dans ses cuves, si bien qu’une perturbation de l’approvisionnement ne se fait pas forcément sentir immédiatement.

Jusqu’à cinq fois plus de pleins

Le secteur est régulièrement touché par des perturbations liées à des mouvements sociaux. Dans ce cas, des phénomènes de panique et de pénurie peuvent avoir lieu localement, avec jusqu’à cinq fois plus de pleins effectués par précaution dans certaines stations.

En mai 2016, pendant le conflit sur la « loi travail », le débit à la pompe avait par exemple augmenté de 17% au niveau national par rapport à mai 2015, selon l’Ufip. Mais les dernières perturbations « majeures » remontent aux mouvements sociaux de 2010, déjà contre une réforme des retraites, se souvient un responsable du secteur pétrolier : « Il y avait eu des réquisitions, des stations contingentées. »

Pour assurer l’approvisionnement du pays malgré les blocages, le gouvernement peut avoir recours à différentes mesures. Il peut tout d’abord débloquer des stocks stratégiques, qui représentent l’équivalent de trois mois de consommation en réserve. « On a pas mal débloqué de stocks stratégiques depuis le début de la crise, ce qui nous permet de tourner », expliquait le président de l’Ufip, Francis Duseux, à la mi-décembre. Les pouvoirs publics peuvent prendre des mesures additionnelles, comme le rationnement du carburant à la pompe ou des réquisitions pour garantir la continuité des services publics (ambulances, pompiers, police…).

De leur côté, les opérateurs pétroliers s’organisent en élargissant par exemple les sources d’approvisionnement à l’étranger ou en réorganisant les tournées de livraison des carburants par camion.

LQ/AFP